Réformes des retraites, réforme du bac avec l’organisation des E3C, préparation de rentrée, sont sources de nombreuses inquiétudes et de souffrances qui génèrent bien des mécontentements.
En cet avant dernier jour de janvier, le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais tient à exprimer ses meilleurs vœux à tous les membres du comité technique académique pour que 2020 soit une année constructive et bénéfique pour l’ensemble des agents de notre académie.
Nous souhaitons également qu’en ces temps de climat social tendu les valeurs de la République et de notre démocratie soient respectées en tout lieu. Intimidations, insultes, violences, dégradations sont inacceptables et donnent parfois une piètre image du syndicalisme. Pour la CFDT et le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais en particulier, ce sera toujours le dialogue qui primera, pour défendre les intérêts des agents, faire respecter leurs droits et réclamer toujours plus de justice sociale. Car de plus en plus d’agents ne sont pas respectés dans leurs droits ou sont traités avec autoritarisme. La souffrance au travail connaît une inflation sans précédent. C’est l’amer constat que nous faisons au quotidien.
Nombreuses inquiétudes
Réforme des retraites, réforme du bac avec l’organisation des E3C, préparation de rentrée, sont sources de nombreuses inquiétudes et de souffrances qui génèrent bien des mécontentements.
Réforme des retraites
Inquiétudes face à une réforme des retraites présentée dans un flou absolu, avec précipitation et imprécision. C’est pour cette raison que le Sgen-CFDT, avec les autres organisations syndicales représentatives de l’Éducation Nationale, s’engage avec détermination dans les discussions pour obtenir des compensations et des revalorisations conséquentes qui doivent concerner l’ensemble des enseignants et notamment les collègues les plus avancé.e.s dans leur carrière. Le travail s’est intensifié pour toutes et tous depuis plusieurs années, et chacun.e a besoin que son travail soit enfin bien mieux reconnu. Mais les personnels administratifs ne doivent pas être oubliés quand on sait que les primes de l’Education Nationale sont inférieures à celles des autres ministères.
Réforme du bac avec l’organisation des E3C
Sur la mise en œuvre de la réforme du bac, les E3C qui visaient à concilier l’évaluation du contrôle continu et les modalités de l’examen terminal est en train de manquer ces deux objectifs à cause de sa lourdeur d’organisation et surtout de sa déconnexion avec la réalité du travail concret des enseignants. Ces E3C sont également le fruit d’une surcharge de travail pour les personnels de direction et pour les personnels administratifs des secrétariats de lycée. Quelle reconnaissance est-il d’ailleurs prévu pour ces derniers qui ne comptent pas leurs heures en effectuant le secrétariat d’examen ? Quelles solutions pour sortir de l’impasse des E3C et redonner du sens au travail des personnels enseignants ? Pour le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais, la solution réside dans la mise en place d’un vrai contrôle continu, de temps de concertation dédiés pour les équipes et dans une grande simplification de l’organisation.
Préparation de rentrée 2020
Inquiétudes et colères commencent à s’exprimer concernant la préparation de la rentrée scolaire prochaine avec des suppressions de poste encore très importantes, notamment dans les lycées alors que la réforme du bac se met en œuvre. Tout porte à croire qu’il s’agit bien d’une réforme budgétaire loin des préoccupations d’ordre pédagogiques. Peu importe les conditions de travail et d’apprentissage. Et nous dénonçons la même chose pour les collèges. Ce sont les chiffres, taux d’encadrement, démographie, statistiques qui justifient les mesures de suppressions. Mais la réalité budgétaire ne colle pas à la réalité du terrain, à la réalité des classes, à la réalité des conditions de travail de plus en plus difficiles.
Certes l’accompagnement des élèves en situation de handicap s’est amélioré mais pas le taux d’encadrement des classes qui accueille des élèves d’Ulis dans le cadre de l’inclusion scolaire… puisque ceux-ci ne sont toujours pas pris en compte dans les effectifs de classe, ce qui est contraire à l’article 25 de la loi du 26 juillet 2019. Certes le dédoublement des classes de CP et de CE1 en Éducation prioritaire est une mesure positive mais cette réduction d’effectifs ne devrait-elle pas être pensé, réfléchi, sur tout le cursus de la scolarité obligatoire ? L’avenir nous le dira mais déjà on sait combien les élèves en difficulté de l’Éducation prioritaire mais aussi des écoles et établissements ordinaires ont besoin d’un accompagnement personnalisé que les effectifs actuels rendent difficile voire impossible. Certains seuils ne devraient plus être dépassés. Et comment ne pas dénoncer la poursuite des suppressions des postes de SEGPA qui mettent en péril leur fonctionnement mais surtout mettent en difficulté des élèves qui ne maîtrisant pas les compétences de cycle 2 se retrouvent scolarisés dans un contexte de travail décourageant et peu stimulant. Pour être bénéfique aux élèves et les amener au meilleur niveau qui soit, l’inclusion scolaire nécessite des moyens humains et une expertise que les enseignants de Segpa sont en mesure d’apporter. Il est donc indispensable que les structures subsistent et que leurs moyens ne soient pas réduits bien au contraire. L’inclusion scolaire doit être le fruit de la coopération des différentes structures existantes et non de la suppression ou de la réduction de certaines d’entre elles. Donner des moyens forts aux structures que sont les Segpa au lieu de les affaiblir, serait un levier pour inciter des fonctionnements plus inclusifs en offrant de la souplesse et de la reconnaissance du temps d’investissement nécessaire en amont et tout au long de l’année. Loin de susciter l’intérêt et l’attrait des politiques inclusives, la gestion comptable et l’économie de moyens est en train de créer les conditions du rejet de l’inclusion, jusqu’au sein des équipes spécialisées. La logique budgétaire prime au détriment de la logique humaine et pédagogique des personnels.
Loi de la transformation de la fonction publique
Nous ne pouvons terminer cette déclaration sans dire deux mots sur la loi de la transformation de la fonction publique. Réduire le dialogue social à la définition de lignes directrice de gestion, très générales, ne répond pas à la nécessité de prendre en compte les réalités vécues par les personnels (notamment en terme de mobilité).
Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais dénonce avec force l’éviction des élus représentants des personnels concernant le suivi des opérations individuelles de carrière. Comment garantir les principes de transparence des procédures et d’équité de traitement sans aucune information ? C’est tout simplement impossible et nous l’observons déjà pour le mouvement interacadémique. Contactés par de nombreux personnels ayant constaté des anomalies de barème qui ne sont pas corrigées malgré leur signalement, auprès des services, les élus reçoivent sans ménagement des fins de non recevoir lorsqu’ils interviennent pour indiquer qu’il subsiste une erreur.
L’injonction donnée aux personnels des services de ne pas échanger avec les représentants des personnels est contre productive et va à l’encontre de l’intérêt des personnels. Les représentants des personnels sont dans leur rôle en signalant les erreurs, en les dénonçant et en réclamant pour ceux qu’ils représentent un réexamen de la situation qui aboutisse au respect des droits dû à chaque personnel. Il est urgent de réfléchir à leur place dans l’accompagnement souhaité par les collègues qui les contactent.
Nos ministères et nos administrations sont en train de mettre en place un système de gestion des personnels opaque, où nul ne pourra vérifier l’équité des décisions.
Après avoir galvaudé et vidé de sens le mot « confiance », le même sort semble réservé aux mots « transparence » et « équité ».
Cela ne fera qu’accroître la défiance envers l’administration avec toutes les conséquences que cela aura sur les personnels des services qui sont en première ligne et devront faire face aux mécontentements, sentiments d’injustice, reproches qui pourraient se transformer en colère et insultes. A l’heure où leurs conditions de travail posent déjà question, celles-ci risquent de se dégrader fortement dans les mois et années à venir.