Prime variable REP+, une source de motivation ? Vraiment ?

Le ministère de l’éducation nationale met en œuvre la dernière phase de l’augmentation de la prime REP+, qui est une augmentation à plusieurs vitesses car 3 niveaux de rémunération sont proposés à l’appréciation des inspecteurs exerçant en REP+.

200 €, 360 €, 600€ : du simple au triple !
Ce sont en effet 3 montants différents qui pourront être accordés annuellement aux équipes des écoles REP+ : 200 € (25%), 360 € (50%), 600€ (25%) (versés en février 2022 cette année). Les différences entre ces indemnités ne sont pas minimes : elles vont du simple au triple !
Dans les faits, ce sont les IEN qui auront à trancher car ils ont obligation d’affecter selon un contingentement ces 3 diverses primes aux écoles du réseau.

Régner pour mieux diviser…

Cette manière de procéder en créant des déséquilibres selon des critères définis par le ministère est pernicieuse. Contrairement au ministre, le Sgen-CFDT ne croit pas que cette prime variable soit une source de motivation ou d’investissement supplémentaire pour les équipes (car c’est effectivement à l’ensemble des agents d’une même école que cette part modulable sera versée).
Entre la peste et le choléra, le Sgen-CFDT a quand même plutôt une préférence pour que ces primes variables soient promises à l’équipe entière de l’école plutôt qu’individuellement. Mais il n’en demeure pas moins qu’elle va avoir certains effets délétères.

Classer les écoles : une évaluation positive ?

Tout d’abord, elle met en difficulté les inspecteurs en charge de REP+ qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas établir un classement des écoles sous leur autorité. Cette procédure va à l’encontre de la nécessaire relation de confiance qui s’établit entre eux et les équipes de leur circonscription.
Ensuite, c’est au sein même des écoles qu’une difficulté peut apparaître, quand des enseignants ont un degré d’investissement différent les uns des autres. Cela concerne également les brigades et les titulaires de secteur qui seront tributaires de l’école dans laquelle ils sont nommés alors que leur implication reste la même.
Pourquoi ton école et pas la mienne ?
Cette esprit de compétition peut également créer des dissensions entre les directeurs eux-mêmes qui pourront ne pas comprendre les différences décrétées pour les distinguer.
En outre, dans la mesure où la somme allouée à une circonscription est définie précisément, l’IEN ne pourra pas offrir la somme la plus importante aux gros collectifs (écoles comportant un nombre de classes important) puisque le budget serait alors dépassé. Cela crée un autre facteur, un nouveau critère, non prévu par les directives ministérielles mais qui contraint grandement la hiérarchie.
Des conséquences aussi sur le mouvement ?
Les collègues pourraient  essayer de déterminer quelle école sera la plus favorable en fonction de ce qui aura été attribué les années précédentes…

Au boulot !

Enfin, le Sgen-CFDT fait le triste constat que chaque jour, le ministre laisse à penser de manière insidieuse et dangereuse que les enseignants ne travaillent pas suffisamment. Et comme pour favoriser et inciter à participer aux nouvelles formes imaginées par le Ministre (faire des formations, des heures d’enseignement, ou d’encadrement d’activités durant leurs vacances), la prise en compte de l’engagement des agents sera évaluée aussi au regard de leur participation aux Vacances apprenantes, à l’École ouverte, aux Stages de réussite, aux Devoirs faits, aux Cordées de la réussite…
Dans tous les cas, cette instauration d’une prime variable nuit évidemment à la cohésion nécessaire entre les différents acteurs qui contribuent à un service public de qualité, au service de tous, et en premier lieu des élèves qui en ont le plus besoin…