Les adresses mail académiques : un autre sujet pour l’égalité ?

Sur proposition de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques 59/62, le Dasen du Nord a porté intérêt au fait d’entamer une réflexion sur les adresses mails professionnelles dans l'académie, en particulier celle des collègues femmes.

L’académie de Lille, comme partout ailleurs, attribue une adresse mail académique, professionnelle, à tous les membres de l’administration sous l’autorité du recteur et sous la forme prenom.nom00@ac-lille.fr

Une bonne pratique…

Ceci est une vraie et bonne pratique :

  • Cela permet de donner un cadre aux échanges professionnels, et accorde aussi le droit à la déconnexion.
  • La CFDT encourage vivement à n’utiliser que l’adresse académique, même dans les échanges internes à l’établissement, car c’est le seul moyen de garantir la confidentialité des données échangées, en particulier lorsqu’il s’agit de l’identité ou autres données personnelles des élèves ; et sous la responsabilité de notre administration de tutelle.
  • L’utilisation d’une adresse personnelle autre que celle attribuée lors de votre entrée en fonction dans l’académie, constituerait une faute puisqu’elle ne garantit pas la protection des données.

…Mais

Cette adresse académique peut, par les choix qui sont faits, constituer une atteinte au principe d’égalité entre les sexes :

  • Lorsqu’une collègue femme est mariée et porte le nom « d’épouse » au moment de sa titularisation, l’administration utilise ce nom marital pour composer l’adresse mail. Le principe d’égalité entre les sexes s’en trouve mis à mal, car cette question ne se pose que pour les femmes.
  • Dans les faits, lorsqu’une modification du statut est connue, l’administration s’emploie rapidement pour faire les changements vers le nom marital, mais la réciproque n’est pas vraie. En cas de séparation, cela peut prendre des mois (voire ne jamais tout à fait disparaitre des registres), pour que le nom de naissance redevienne le seul nom employé. Les hommes ne rencontrent pas ce problème.

La CFDT souhaiterait que ne soit utilisé, à cette fin, que le nom de naissance (en oubliant la terminologie « nom de jeune fille » qui n’a pas de sens, alors même que le terme « mademoiselle » réussit petit à petit à se faire oublier).

Et la vie privée…

  • De même que l’utilisation du terme « mademoiselle », cette utilisation du nom marital constitue une atteinte à la vie privée, voire intime. Pourquoi ? Parce que toute modification annonce à qui veut l’entendre que la situation matrimoniale d’une collègue a évolué (mariage, divorce…). Cela ne constitue pas une qualité ayant sa place dans la sphère professionnelle. D’ailleurs, ceci n’est pas imposé aux hommes. Dès lors, s’il n’est pas possible de connaître les variations dans la vie privée d’un collègue homme, ça ne doit pas être rendu possible pour une collègue femme.
  • On peut aussi facilement s’accorder sur le fait que, lorsque l’issue malheureuse d’un mariage rend difficile, voire impossible, la relation entre les ex-mariés, ce serait du bon sens que l’administration n’impose pas à une agente la vue ou l’utilisation d’un nom qui peut être un mauvais souvenir (parfois un traumatisme). En outre, cela demande une démarche administrative supplémentaire pour les femmes. Encore une fois, on n’impose pas ça aux hommes.

Pour éviter tout cela, l’utilisation du nom de naissance devrait être la norme, quel que soit le statut marital de l’agent.e ; on pourrait imaginer une exception à la norme qui serait que le nom marital pourrait être choisi sur demande expresse de l’agent.e (on peut tout à fait admettre que ce soit un choix).