Pour le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais, se saisir réellement des résultats de PIRLS est nécessaire. Pour le faire, il convient de se garder des effets d’annonces et du pilotage descendant.
Dès la diffusion des résultats de l’étude Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) sur les capacités de compréhension des élèves en lecture, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, s’est empressé d’annoncer une série de mesures. Une réactivité et des préconisations qui ont de quoi surprendre sur le fond comme sur la forme.
Pour le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais, se saisir réellement des résultats de PIRLS est nécessaire. Pour le faire, il convient de se garder des effets d’annonces et du pilotage descendant. Ce n’est pas en uniformisant la classe et en niant le professionnalisme des personnels que nous surmonterons le défi qui est devant nous.
PIRLS, c’est quoi ?
L’étude PIRLS porte sur la compréhension de l’écrit des élèves de CM1 (dernière étude, mars 2016)
Le détail de la passation des tests apporte des éléments de réponses et un début de … réflexion. Pirls est constitué d’une série de textes (des récits littéraires et des écrits analytiques) accompagnés de questions présentant quatre niveaux de difficulté :
- niveau 1, simple restitution des faits ;
- niveau 2, analyse des liens de causes à effets ;
- niveau 3, mise au jour d’informations présentes implicitement dans le texte ;
- niveau 4, analyse critique des intentions de l’auteur.
Le détail des scores montre que les enfants français sont davantage en difficulté sur des questions complexes, celles des niveaux 3 et 4.
L’analyse des mesures notre ministre
Certaines mesures, comme la dictée quotidienne (préconisée par la ministre précédente en 2015), qui ont fait grand bruit ne semblent pas adaptées au défi posé par les résultats de l’enquête PIRLS. D’autres remettent en cause la professionnalisme des professeur.e.s des écoles qui ne pourraient plus choisir ou élaborer leurs supports d’enseignement, ou concevoir l’organisation de leur enseignement adapté à l’observation qu’ils et elles font des apprentissages et difficultés de leurs élèves. D’autres semblent indiquer que le traitement de la difficulté à comprendre les textes doit se résoudre en dehors de la classe exclusivement.
Formation
Les recommandations faites en mars 2016 par le CNESCO, les réflexions, formations et outils pour alimenter la réflexion pédagogiques des équipes par l’Institut Française de l’Education (IFE), les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), les centres académiques de ressources pour la maîtrise de la langue semblent oubliés. Alors qu’on devrait au contraire construire les dispositifs pour permettre au plus grand nombre de collègues de les approprier et ainsi de faire évoluer le travail qu’ils et elles mènent avec les élèves que ce soit dans la classe et dans les dispositifs utiles en complément.
Coup d’œil dans le rétroviseur
Réalisée en mars 2016, l’enquête PIRLS s’applique à des élèves qui étaient alors en CM1 c’est-à-dire des élèves qui n’ont connu, sur toute leur scolarité, que les programmes 2008, ceux de Xavier Darcos et Nicolas Sarkozy …
On se souvient que Xavier Darcos avait beaucoup communiqué sur l’importance de la syllabique en relançant cette polémique d’un autres temps « méthode globale vs méthode syllabique ». Les programmes 2008 étaient aussi marqués par un enseignement très précoce de la grammaire et de la conjugaison. Tout cela s’est fait au détriment de l’enseignement de la lecture et du décodage.
Accessoirement, ce sont aussi les élèves qui ont connu la semaine de 4 jours …
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