Lors de la journée de formation "Instances en EPLE" nos collègues du collège de Divion nous ont fait découvrir comment ils géraient cette problématique en interne. Ils donnent du corps à nos valeurs, en particulier à cette affirmation : "l'autonomie des établissements est celle des équipes"
« Désabusés », « énervés », « fatigués », « en souffrance » sont des qualificatifs qui reviennent toujours lorsque l’on parle des profs alors que l’on n’a jamais autant parlé de climat scolaire et des risques psychosociaux dans le travail.
Plutôt que d’attendre des directives d’en haut, depuis trois ans, au collège Henri Wallon de Divion (62), nous avons mis en place un Groupe Climat Scolaire, un outil qui nous a permis de régler quelques problèmes internes mais aussi d’améliorer sensiblement l’ambiance entre tous les services du collège. Impulsé par notre cheffe d’établissement, c’est un groupe composé de trois professeur.e.s et de la CPE qui s’est emparé de la question.
Un point de départ qui n’est pas celui qu’on pense
Vu l’amplitude de ce que l’on met derrière l’idée de « climat scolaire », il a fallu partir dans une direction et la tâche n’était pas simple. Nous avons donc choisi l’angle d’attaque du personnel de l’établissement en partant du principe qu’une équipe soudée et dans de bonnes disposition ne peut qu’avoir un impact positif sur l’ensemble des élèves.
Nous avons débuté notre mission en faisant un état des lieux de l’ambiance et du ressenti de chacun des services du collège. Plusieurs réunions ont été nécessaires et nous avons choisi de réunir chaque catégorie, enseignant.e.s, vie scolaire, AESH, personnel de santé et d’orientation, agents d’entretien, administration.
Chaque pôle du collège a pu exprimer les dysfonctionnements, les problèmes, les craintes et parfois aussi les ras-le-bol qui étaient spécifiques à sa fonction dans l’établissement. Quatre thèmes étaient sur la table : les conditions de travail, la communication, les relations aux autres services et les relations avec les élèves.
Il a fallu également l’assurance que tout ce qui était dit ou écrit – pour celles et ceux qui ne souhaitaient pas prendre la parole directement – resterait anonyme. Mais d’une manière générale, le fait que ce soit des professeur.e.s bien identifié.e.s comme ayant toujours été très à l’écoute et ayant été le moins possible mêlé.e.s à des incidents a permis une libération de la parole, ce qui a fait du bien à beaucoup de monde sur le moment et a généré une forte attente de la part des membres de la communauté éducative.
Que faire de tout ça ?
La question s’est ensuite posée bêtement : « Kesskonfédeça ? » et la réponse n’a pas été facile à trouver.
Dans un premier temps nous avons séparé dans nos quatre catégories les problèmes qui étaient internes au service concerné et ceux qui nécessitaient une intervention plus large. Nous avons ensuite vu avec ces services les solutions qui pouvaient être envisagées pour améliorer ces points. Nous nous sommes aperçu.e.s qu’un grand nombre de petits grains de sable pouvaient rapidement être enlevés des rouages de la machine sans qu’il n’y ait de grands efforts à faire.
- Créer un compte pronote pour les agents afin qu’elles et ils puissent avoir accès au planning des salles sans nuire au protocole d’alerte intrusion ;
- convenir avec l’administration que tout devait passer par pronote afin d’éviter que certaines informations ne soient ignorées ;
- fluidifier le protocole de remplacement ;
- rendre accessible en salle des profs tel ou tel document.
Tout cela a fortement amélioré le quotidien de chacun et de chacune sans qu’il n’y ait de grands chamboulements à l’horizon.
Nous avons également du traiter les problèmes qui concernaient les autres catégories et, force est de constater que de nombreuses problématiques étaient communes à chacun des services du collège. Alors nous avons dressé un bilan des problèmes communs à toutes et tous, lors d’une réunion plénière.
Rien de tel pour souder une communauté que de s’apercevoir que les batailles que l’on doit mener sont les mêmes. De grands thèmes ont été dégagés et cela a conduit à la mise en place de groupes de travail sur tel ou tel point auxquels chaque personne, intéressée par la question, pouvait participer. Lors de cette étape, le « groupe climat scolaire » était là pour animer ces réunions, en ayant à l’esprit les autres problèmes exprimés, pouvant ainsi orienter les solutions dans le but qu’elles restent réalisables sans surcharger un service ou un autre. Enfin, nous nous sommes fait le relais auprès de l’administration des changements possibles concernant chacun des thèmes abordés en réunion.
Bien sûr, le collège Henri Wallon n’est pas devenu le Paradis sur terre et des problèmes persistent mais l’ambiance générale ainsi que le fonctionnement de l’établissement s’en sont vus fortement améliorés depuis.
Les étapes suivantes
Afin de terminer le travail, nous avons orienté notre action sur les élèves en sollicitant l’Equipe Mobile de Climat Scolaire (EMCS) de l’académie dans l’objectif de faire un bilan auprès des élèves et des parents du collège, bilan sous forme de questionnaire anonyme.
Cela a permis de mettre au jour certains thèmes qui viennent compléter ceux déjà mis en avant par les adultes de l’établissement. Mais, pour continuer dans l’esprit du projet, les solutions à apporter seront l’affaire du Conseil de la Vie Collégienne, qui va pouvoir prendre ici tout son sens.
La recette du groupe climat scolaire
Pour se lancer dans une telle entreprise, il faut, comme pour toute bonne recette, des ingrédients bien dosés :
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une pincée de bonne volonté de la part de la direction. Dans notre cas, la principale du collège nous a mandaté.e.s officiellement, par un ordre de mission rendu public à tous les membres de la communauté éducative en fixant nos objectifs et notre champ d’action ;
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Un kilo d’indépendance et d’autonomie. Jamais nous n’avons eu à rendre de compte des échanges menés avec les services. Bien évidemment nous devions rendre des comptes concernant l’avancée de notre mission mais cela s’arrêtait là ;
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Deux IMP coupées en quatre parts, qui ont été réparties sur la tête de chacun.e des membres du groupe climat scolaire ;
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Une demi-douzaine d’heures de décharge pour les adultes de l’établissement qui pouvaient ainsi se réunir sur la dernière heure de la journée lors des entretiens par catégories n’impactant pas trop (puisque les réunions se poursuivaient ensuite) sur leur organisation quotidienne personnelle ;
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Le tout agrémenté d’une transparence et d’une impartialité totale. Un soin particulier a été mis pour constituer l’équipe en prenant garde de ne pas donner une impression de favoritisme. Les trois professeur.e.s ont été choisi.e.s car elles et il se tiennent principalement à l’écart des histoires inhérentes à tout groupe social. Parmi l’équipe, il y a un membre du SGEN-CFDT – celui qui écrit ce texte – et une membre du SNES-FSU, donnant ainsi du sens et une visibilité à l’engagement syndical.