La transition écologique en marche au LP Bernard Chochoy de Lumbres

C'est Juliette Magnier, professeure documentaliste mais aussi la référente Etablissement en Démarche globale de Développement Durable du lycée, très engagée dans la transition écologique, qui m'a ouvert les portes du lieu.

Je suis arrivé au LP Bernard Chochoy avec un questionnaire, lorsque je suis reparti, il était toujours vide mais j’avais la tête pleine.

Depuis qu’elle est dans l’établissement, elle a vu évoluer les pratiques de ses collègues, qui apprennent de plus en plus à leurs élèves, futurs ouvriers et artisans du bâtiment, les techniques d’éco-construction, de prise en compte des matériaux écologiques, des enjeux de choix de ces matériaux pour l’avenir dans une démarche de réflexion autour de la transition écologique. Car c’est bien à ce niveau qu’un tel savoir doit se transmettre ou se recréer. Devant une génération qui va immanquablement être amenée à devoir composer avec le changement global et trouver des solutions viables pour l’avenir.

Sensibiliser les élèves, faire évoluer les pratiques professionnelles, un chemin long et semé d’embuches

Après avoir « promené son monsieur » dans l’atelier bois, elle m’emmène voir l’atelier maçonnerie et une réalisation de l’année. Un mur en structure bois, monté à l’aide de briques de chanvre recouverts d’enduit terre-paille et sur lequel différents badigeons à la chaux ont été testés. A côté, un panneau réalisé à l’occasion des portes ouvertes pour informer les visiteurs des avantages et de la démarche de cette éco-construction réalisée dans le cadre du partenariat avec la région.

Laboratoire des maçons au LP - crédits photographiques : Juliette Magnier
crédits photographiques : Juliette Magnier

L’année dernière, quatre professeurs ont suivi une formation de six jours sur la construction en terre-paille accompagnés par le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale. Une démarche qui a permis de monter en compétences dans les techniques pour eux. Seul regret sur la suite de cette formation : qu’à leur tour ils ne puissent pas être identifiés par la structure comme des personnes ressources et formateurs potentiels, ce qui permettrait de nouer de nouveaux liens entre l’établissement et son territoire mais aussi d’éviter de devoir faire venir des spécialistes d’autres régions…

La gestion des déchets, comment y voir clair ?

A l’extérieur des ateliers : la cour de tri, gros enjeu écologique dans un lycée professionnel du bâtiment comme pour toutes les entreprises de ce domaine. Juliette m’y explique le travail qu’elle mène avec les professeurs et les élèves pour réfléchir à une gestion efficace de ce pôle mais combien aussi, parfois, il est compliqué d’allier souci éthique, quotidien pressé et politique de l’intercommunalité en matière de déchets. La réflexion est sans cesse en train d’évoluer mais souvent l’absence de clarté dans ce qui est demandé et dans ce qui sera réellement fait de ces déchets est un véritable casse-tête pour sa mise en œuvre.

Au sein de l’établissement, le tri des déchets du quotidien semble, lui, plus efficace parce que tout le monde s’y met et les agents ne sont pas les seul.e.s à devoir le gérer. Des poubelles différenciées sont placées à différents endroits et ce sont les professeurs et les personnels qui ramènent les poubelles de classe pour les y jeter, comme le fait n’importe quel citoyen avec ses déchets domestiques, facilitant ainsi le ramassage.

Enfin, pour la cantine, le travail est conséquent, notamment en ce qui concerne la revalorisation du compost : que faire de ces fermentescibles ? Comment s’assurer que les élèves – qui sont des adolescents comme tous les autres – le respectent ? Qui a la charge de surveiller ce tri ? Toutes ces questions qu’une absence de réponse claire dans les fiches de mission force à devoir négocier sans cesse entre services internes à l’établissement mais aussi services de l’intercommunalité.

Un plan d’attaque pour y voir plus clair

Un peu plus tard, le « monsieur » ayant été bien baladé, nous nous installons dans le CDI et elle m’y montre son plan d’action E3D niveau 3. Y sont listées toutes les actions menées dans l’établissement afin de favoriser la biodiversité, découvrir le patrimoine naturel local, développer la sensibilité au développement durable des élèves mais aussi concourir à la formation des citoyens en devenir qu’est le public de ce lycée professionnel. Elle m’explique regretter l’absence d’un document unique qui puisse identifier clairement toutes les actions menées, notamment avec la

Chantier du labo des maçons au LP - crédits photographiques Juliette Magnier
crédits photographiques : Juliette Magnier

multiplication des « enjeux prioritaires ».

Car la démarche globale vers une transition écologique pourrait être un formidable outil de clarté pour développer un plan qui prenne en compte les aspects écologiques mais aussi la formation du citoyen, la lutte contre le harcèlement, la culture, l’inclusion des élèves, tous les sujets de société qui doivent être reliés les uns aux autres pour donner une cohérence au système éducatif et pas simplement empilés, couche sur couche, jusqu’à ce qu’on n’y comprenne plus grand chose.

La question des moyens y est également centrale. D’abord les moyens humains : comment engager un tel travail sans rémunération et sans personnes ressources correctement identifiées ? Ensuite les moyens techniques : comment avancer lorsque la plateforme E3D académique – dont la conception pourrait être mise à jour – n’est toujours pas en service fin septembre ? Et en ce qui concerne les moyens financiers : comment faire lorsqu’on attend toujours des réponses de financement de la région pour le programme Rev3 ?

Des moyens nécessaires

Il y a, un peu partout, des personnels prêt.e.s à s’engager dans ce véritable enjeu qu’est la transition écologique, prêt.e.s à donner de leur temps, de leur énergie pour engager cette transformation qui devient de plus en plus nécessaire et surtout de plus en plus essentielle, mais pour qu’elle y prenne sa part, l’institution et les collectivités doivent clairement revoir leur organisation et leur clarté. Tout cela mène à nos revendications pour une transition écologique juste dans l’éducation, afin que tous les agents comme Juliette Magnier, comme les professeur.e.s, les personnels administratifs, les assistants d’éducation, les agents du Lycée Professionnel Bernard Chochoy de Lumbres, puissent être accompagné.e.s de manière simple et dans une transparence. La volonté, la combativité et l’engagement sont là, mais il n’est pas normal qu’un tel enjeu de société ne repose que sur la bonne volonté des personnels.

 

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