L'Unequal Pay Day, est le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement comparativement aux hommes
#AGISSONS pour l'égalité économique entre les femmes et les hommes !
Parler d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, dans le monde du travail ou dans la sphère privée, n’implique pas simplement de contrôler que les lois concernant le sujet soient respectées. Pour pouvoir réduire voire éradiquer les inégalités au travail, au-delà de la compréhension et du respect des règles et législations en vigueur, il convient aussi d’étudier les habitudes et les rythmes de vie, de comparer les tâches dévolues en fonction des genres, les fonctionnements ancrés et conditionnés par nos modesde vie.
FOCUS LA PARENTALITÉ
Cette année, il a été choisi de s’intéresser tout particulièrement au thème de la parentalité pour tenter d’en comprendre les conséquences sur la rémunération et la retraite des femmes, pour trouver des leviers qui puissent permettre un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle et tendre ainsi vers une plus juste égalité des salaires entre les sexes.
Cette approche pluridimensionnelle s’inscrit dans la proposition de directive européenne visant à renforcer l’application du principe de l’égalité entre les femmes et les hommes pour un même travail ou un travail de même valeur.
QUELS SONT LES ÉLÉMENTS QUI CONCOURENT AUX INÉGALITÉS DE SALAIRE EN LIEN AVEC LA PARENTALITÉ ?
ÉQUILIBRE ENTRE VIE PROFESSIONNELLE ET VIE PERSONNELLE
La meilleure harmonisation entre vie personnelle et vie professionnelle est une dimension importante de la performance économique et sociale dans le travail, dont les employeurs ont tout intérêt à se saisir pleinement.
PERMETTRE L’ARTICULATION DES TEMPS DE VIE
Le partage inégal des responsabilités domestiques entre les femmes et les hommes conduit les femmes à aménager leur vie professionnelle pour pouvoir mener de front emploi et vie familiale. Cet état de fait engendre des conséquences sur leur rémunération et le déroulement de leur carrière à long terme, renforçant les inégalités économiques entre les femmes et les hommes. L’arrivée d’un enfant se traduit par des pertes de revenu salarial pour les mères et très rarement pour les pères. Elle conduit les femmes à réduire leur activité ou à l’interrompre, parfois définitivement. Ces modalités ou arrêts d’activités provoquent une diminution de 20 % de leur revenu salarial cinq ans après l’arrivée d’un enfant. Leur salaire horaire diminue d’environ 5 % par enfant, une baisse qui persiste pendant au moins cinq ans après la naissance. Au contraire, l’arrivée d’un enfant n’a quasiment aucun impact sur les hommes. Pour exemple, selon une étude de l’Insee de 2020, à expérience professionnelle équivalente, le salaire des femmes avec un enfant est inférieur de 12 % à celui des hommes.
LE CONGÉ PARENTAL ALLONGÉ
En France, afin de permettre un rééquilibrage du partage des tâches familiales entre les deux parents, depuis le 1er juillet 2021, le congé paternité et d’accueil de l’enfant a doublé, passant de 14 à 28 jours. Une avancée qui contribue également à l’égalité femmes-hommes. En effet, allonger la présence du deuxième parent auprès du jeune enfant doit permettre une meilleure répartition des tâches domestiques et responsabilités familiales. Cela pourra aussi permettre à terme de tendre le plus possible vers une égalité de salaire en réduisant les écarts de rémunération.
LES CONSÉQUENCES DES INÉGALITÉS SALARIALES
L’IMPACT SUR LA RETRAITE
La parentalité a de nombreux impacts sur l’avancement de la carrière des femmes. Les choix familiaux (grossesses, congés maternité, congés parentaux, temps partiel pour élever leurs enfants, etc.) se traduisent concrètement par plus de périodes d’inactivité (chômage), moins d’heures de travail (travail à temps partiel) et moins de responsabilités dans les emplois exercés. Les interruptions de carrière affectent durablement leur évolution professionnelle et leur salaire.
De même, leurs droits sociaux propres sont réduits, notamment les droits à la retraite. Selon une étude de la Drees, les femmes percevaient en moyenne en 2018 un montant de retraite inférieur de 28 % à celui des hommes. Cet écart augmente jusqu’à 41 % dès lors que l’on ne prend en compte que les pensions de droits directs.
Pour comparer dans d’autres pays, l’écart de pension atteint 47,4 % au Japon, 42,3 % au Mexique ou encore 40,6 % en Autriche. En haut du classement, c’est-à-dire là où les écarts sont les moins importants, on trouve l’Estonie (3,3 %), la Slovaquie (7,6 %) ou encore le Danemark (10,6 %).
DES EXEMPLES EUROPÉENS TRÈS CONTRASTÉS
Si nous prenons l’exemple de la Finlande, pays désigné comme « le plus heureux du monde » et dans le top 5 concernant le bien-être des enfants (étude réalisée en 2021), l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, la qualité de l’enseignement et la sécurité de l’environnement pour les enfants y sont reconnus et plébiscités. La « baby box » d’une valeur de 170 € offerte par l’État quelques semaines avant la naissance, le congé parental pour les pères passé à 97 jours en septembre 2022, auxquels peuvent s’ajouter 63 jours supplémentaires pouvant être transférés à l’autre parent, la garde des enfants solutionnée par des places en crèche nombreuses, un système éducatif fondé sur la collaboration plus que sur la compétition, l’autonomie pédagogique et la qualité de formation des enseignants dont la profession est très respectée, font de ce pays l’un de ceux où la satisfaction de vie est la plus grande.
Aux Pays-Bas, le travail à temps partiel est au cœur de la « politique de combinaison famille emploi » néerlandaise. Il est adopté par 50,4 % des travailleurs dont 80 % de femmes. Les Néerlandaises sont celles qui travaillent le moins en Europe. Une part énorme (77 %) des femmes actives travaillent à temps partiel, contre 47 % en Suède, 45 % en Allemagne et 31 % en France. La pression sociale joue une part importante sur leurs carrières et leurs ambitions dès qu’elles deviennent mères. L’enfant est considéré comme plus important que le travail, en confier la garde à quelqu’un hors du noyau familial est mal vu et le coût des crèches, toutes privées, est exorbitant. Tout cela concourt à un temps de garde des enfants plus élevé pour les femmes, et à une répartition des tâches parentales inégalitaire.
Le congé parental suédois, extrêmement flexible, est composé de 12 mois à partager entre les deux parents et de 2 mois pour chacun d’entre eux (non cessibles). Il est rémunéré à hauteur de 80 % du salaire perçu. Par ailleurs, si les parents partagent, à part égale, la partie commune du congé, ils perçoivent alors un surcroît d’indemnisation pouvant aller jusqu’à 1 500 € sur toute la durée du congé. 80 % des pères font usage de leur droit au congé parental, mais pour des durées beaucoup plus courtes que les mères.
En Norvège, le congé parental est quant à lui composé d’une partie commune et de 2 mois pour la mère et 3 mois pour le père. Le « quota de pères » introduit en 1993 a permis de faire passer le taux de recours des hommes de 3 % à 70 % en 1995. Le salaire est aussi intégralement maintenu pendant le congé.
Autant d’exemples hétérogènes et de problématiques qu’il faut continuer à remettre en question, de mesures à réfléchir et d’habitudes à combattre, que nous vous proposons de venir débattre en cette journée du 3 novembre prochain !
Source : sante-sociaux.cfdt.fr