Auto-confinement, auto-décisions, auto-communication…

Suite à l'annonce, dans les journaux, de la tolérance d'absence des élèves pour jeudi 17 et vendredi 18 décembre, les interrogations sont nombreuses dans les écoles, collèges et lycées. Le Sgen-CFDT écrit à la rectrice de l'académie de Lille.

Madame La Rectrice,

Depuis plusieurs mois, les personnels de l’Éducation nationale sont particulièrement mobilisés et en tension pour faire face et s’adapter continuellement aux contraintes imposées par la crise sanitaire. Certaines d’entre elles auraient pu être évitées par davantage d’anticipation des directives ministérielles.

Aujourd’hui, la coupe est pleine, tant sur la forme que sur le fond.

S’il est normal que le ministre de l’Éducation nationale suive les recommandations du conseil scientifique, il est en revanche inacceptable, Madame la Rectrice, que les personnels de l’Éducation nationale apprennent, une nouvelle fois, par voie de presse que les absences des élèves, jeudi 17 et vendredi 18 décembre seront tolérées. Quel mépris pour les personnels, leur travail et l’École !

Les collègues sont remontés. Les coups de fil se multiplient dans les établissements scolaires, mettant notamment les directeurs et directrices, et les personnels de direction dans une situation très compliquée. Alors qu’ils poursuivent les apprentissages dans cette période difficile, les personnels n’acceptent plus cette stratégie de communication. L’école de la confiance commence par celle de la hiérarchie envers les personnels et réciproquement. Du point de vue des personnels, elle est de plus en plus mise à mal.

Par ailleurs, si les familles sont autorisées à ne pas scolariser leurs enfants en cette fin de semaine, suivant ainsi les recommandations du conseil scientifique, doit-on en conclure que les personnels de l’Éducation nationale ne sont pas concernés par ces mêmes recommandations ? Bien évidemment, cette question n’appelle pas de réponse puisque nous la connaissons déjà… Pourtant chacun pourrait avoir le droit de se montrer prudent et de protéger sa famille.

Que penser ensuite des incohérences entre les discours tenus depuis de nombreux mois par notre ministre : « l’école n’est pas un foyer de diffusion du virus », « les enfants ne sont pas contaminants ou faiblement » et la proposition d’auto-confinement des 17 et 18 décembre ? Ces discours contradictoires deviennent de plus en plus inaudibles…

Suivant la logique du conseil scientifique, décidé à sauver Noël, le ministère ne devrait-il pas, dans un souci de cohérence, sauver la rentrée de janvier en décalant la rentrée des classes de 7 jours ? Cette fois encore, nous connaissons la réponse…

Enfin, malgré l’urgence sanitaire, nous nous interrogeons sur la valeur donnée à l’École par le conseil scientifique mais également par le ministère.

L’École n’est ni une garderie permettant aux travailleurs de contribuer à l’économie du pays, ni une variable d’ajustement afin de sauver Noël mais le lieu des apprentissages, des découvertes, de la construction des femmes et hommes de demain.

Madame la Rectrice, soyez assurée de notre engagement pour le service public d’éducation.
Veuillez recevoir nos sincères et respectueuses salutations.