Plus qu'une déclaration liminaire à proprement parler, notre délégation a souhaité souligner quelques points en ouverture de ce dernier CNESER de l’année 2021 – en nous cantonnant rigoureusement au périmètre de compétence de cette assemblée, même si les sujets ne manquent pas par ailleurs.
Vague épidémique : la qualité de l’air est la clé…
La situation sanitaire tout d’abord, qui nous amène d’ailleurs à tenir cette séance en visioconférence.
Cet automne nous a appris une chose : à ne pas croire au miracle. Ce virus en évolution constante sera très probablement avec nous pour longtemps, par cycles successifs ; il faut impérativement le combattre, et donc minimiser les conséquences de nos activités en termes de contagion – seule manière de limiter l’impact des vagues épidémiques sur nos activités !
Pour toutes les activités amenant à rassembler des groupes en intérieur, on le sait maintenant de manière certaine, la qualité de l’air est la clé.
Il faut investir en ce sens : toutes les constructions ou rénovations de bâtiments universitaires en cours ou prévues doivent prendre en considération ce facteur. Et, en attendant, il faut des moyens de mesurer la qualité du renouvellement d’air, et des consignes claires quant aux conséquences à tirer de ces mesures.
Le Sgen-CFDT a fait des propositions en ce sens.
Collègues en détresse…
Au delà de cette conjoncture sanitaire, il faut souligner, une fois de plus, l’état d’épuisement des collègues. L’enchainement des années de disette budgétaire combinée à l’augmentation massive de la démographie étudiante ont amené les collègues, dans toutes les catégories de personnel, au bord de la rupture – et trop souvent au delà.
On ne compte plus les arrêts de travail longs, les collègues en détresse… Ils ne peuvent plus faire davantage, et pourtant on le leur demande !
Même les projets-phares comme le campus Condorcet sont aujourd’hui à deux doigts de rester des coquilles vides, faute de moyens correspondant à leurs besoins…
Il faut d’urgence un plan massif de recrutement de personnel statutaire.
Si l’on veut un enseignement supérieur performant en France, ou même seulement maintenir l’existant dans les années qui viennent, il faut d’urgence un plan massif de recrutement de personnel statutaire. Que cela prenne la forme d’une loi de programmation pour l’enseignement supérieur afin que cela soit inscrit dans la durée, mais cela ne doit pas masquer que c’est bien d’un plan d’urgence qu’il s’agit.
La plate-forme d’accès au master, grande absente de l’ordre du jour
Pour en venir à notre ordre du jour (et c’est dans la continuité du point précédent), nous notons l’absence à l’ordre du jour de cette séance des textes concernant la plate-forme d’accès au master, qui nous avaient pourtant étaient annoncés. Nous interprétons cela comme une acceptation de fait de notre demande de report d’un an de cette réforme – ce qui ne signifie pas d’ailleurs que nous nous satisfaisions du statu quo (nous l’avons assez dénoncé dans cette assemblée !).
Simplement : il est impossible, dans l’état actuel de nos forces de travail, d’imposer à nos collègues un changement brutal de leur outil de travail, avec les risques de dysfonctionnement qu’implique fatalement un projet mené dans une telle précipitation.
La confusion des annonces de ce début d’année universitaire a déjà fait beaucoup de mal : l’erreur de méthode du ministère, qui a volontairement soustrait ce projet au dialogue social jusqu’au dernier moment, aura des conséquences durables, au point qu’il sera difficile de retrouver un semblant de consensus sur ce dossier.
Il faudra maintenant prendre le temps de dissiper les malentendus que cela a engendré ; dire clairement ce qui change, ce qui ne change pas, ce qui peut être ajusté, ce qui va aider les collègues dans leur travail.
Et il est indispensable, pour que ce changement soit accepté, d’accroître en volume et en diversité l’offre de formation au niveau master – ce qui implique, nécessairement, que les établissements puissent de toute urgence recruter les enseignants-chercheurs nécessaires.
Sans oublier les EPIC
Du fait de l’absence de ces textes, nous avons aujourd’hui une charge de travail tout à fait raisonnable. On ne s’en plaindra pas !
Mais peut-être aurait-ce été l’occasion d’aborder un point concernant spécifiquement la recherche – avec, pourquoi pas, une présentation prospective sur la place et le rôle des EPIC dans la recherche publique : nos collègues des EPIC participent avec assiduité à nos travaux et il serait bon que le CNESER leur renvoie un peu de cette attention ! Mais bien d’autres sujets auraient pu être abordés, du point de vue des bilans comme du point de vue des projets : la fin d’année civile se prête bien à ces exercices.
Transparence et dialogue social
Un dernier point : nous avons pointé l’erreur de méthode concernant le master.
Pour éviter qu’elle se répète, anticipons : la rumeur d’une réforme de l’arrêté sur le doctorat, dont l’idée avait été lancée par le « rapport Blaise » se fait entendre de manière insistante.
Nous ne discuterons pas aujourd’hui du bien-fondé d’une telle réforme ; mais nous vous exhortons à la mener, si elle doit avoir lieu, dans la transparence et le dialogue.
L’arrêté de 2016 avait fait l’objet d’un dialogue très large avec les organisations syndicales, les organisations de jeunesse, les associations de doctorants, les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, les sociétés savantes…
Le texte en a été largement amélioré, et son acceptation par la communauté en a été plus facile. S’il faut déjà le réviser, après cinq ans seulement (délai extrêmement court pour ce diplôme qui se déroule sur un minimum de trois années), parlons-en largement, et bien à temps !