Enjeux écologiques : lettre à Jean-Michel Blanquer

Courrier adressé le 12 juin 2019 au Ministre de l'Éducation nationale.

Monsieur le ministre,

Suite aux grèves pour le climat organisées par des organisations de jeunesse, aux marches pour le climat, toutes soutenues par le Sgen et la CFDT, vous avez souhaité recueillir les propositions des lycéennes et lycéens. A cette fin, les CVL, les CAVL puis le CNVL se sont réunis. Vous avez présenté la semaine dernière les résultats de ces travaux qui doivent s’inscrire dans la démarche globale d’éducation à l’environnement et au développement durable. Le recours à la démocratie représentative lycéenne, tout en permettant au niveau des lycées et des CVL la participation du plus grand nombre est une démarche intéressante. Cela a permis de conforter des actions déjà en cours ici ou là, de mieux les faire connaître. C’est aussi de nature à susciter l’engagement de lycéennes et lycéens au quotidien.

Cependant, le Sgen-CFDT avait souligné l’affaiblissement des enjeux écologiques et de développement durable dans certains programmes d’enseignement à l’occasion de l’élaboration des nouveaux programmes. Il convient de s’assurer que tous les élèves au cours de leur scolarité aient l’occasion de saisir l’ensemble des enjeux liés à la transition écologique, aussi bien dans le champ des sciences expérimentales que dans le champ des sciences humaines et sociales, aussi bien dans le cadre des enseignements que d’actions au quotidien dans les écoles et établissements.

Le Sgen et la CFDT sont engagés, avec une quarantaine d’organisations de la société civile, pour que transition écologique et justice sociale se conjuguent. Vous connaissez les propositions dont nous sommes porteurs dans le cadre du Pacte du pouvoir de vivre, et notamment :

•       Faire respecter l’obligation de plans négociés de mobilité dans les entreprises / administrations et les territoires.

•       Instaurer le droit pour tous les salariés de bénéficier du remboursement employeur pour les frais de covoiturage ou de vélo liés au trajet domicile-travail.

•       S’engager résolument dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie, créatrices d’emplois non-délocalisables.

•       Définir un plan d’investissement public et privé dans la transition écologique à hauteur des 55 à 85 milliards d’euros manquants par an entre 2019 et 2023.

Dans le cadre du projet de loi d’organisation des mobilités (LOM), il est prévu une obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés de négocier un plan de déplacement domicile travail, une prime mobilité est envisagée. De son côté la CFDT continue de revendiquer que les plans de déplacement soient aussi négociés au sein des administrations et qu’un forfait mobilité de 200 euros annuels soit institué pour tous les agents des fonctions publiques.

Il nous semble donc que les mesures que vous avez annoncées la semaine dernière doivent être complétées par l’ouverture de négociations à tous niveaux au sein de l’Éducation nationale afin de définir :

•       des plans de déplacement domicile-travail permettant de nourrir la construction des plans de déplacement dans les territoires avec tous les partenaires qui tiennent compte des besoins des agents de l’Éducation nationale. Il faudra y intégrer un forfait mobilité s’ajoutant aux prises en charge existantes et incluant les déplacements multimodaux (articulation vélo / transports en commun par exemple) ;

•       des plans mobilités intégrant non seulement les déplacements domicile-travail mais aussi les déplacements professionnels (à cet égard un bilan carbone des affectations multi-sites et de l’extension des périmètres d’action de certains personnels doit être effectué) et permettant enfin d’améliorer substantiellement la prise en charge des frais liés aux déplacements professionnels qui grèvent le pouvoir d’achat des agents,

•       des démarches éco-responsables concernant les achats et modalités de travail dans les services et établissements en intégrant les contraintes d’efficacité du service rendu au public : la numérisation ne peut être la seule réponse ni d’un point de vue écologique, ni du point de vue de la justice sociale.

Vous l’aurez compris, pour le Sgen-CFDT, l’engagement de notre ministère en faveur d’une transition écologique juste socialement ne peut porter seulement sur l’action des élèves et des collectivités territoriales. L’administration elle-même doit prendre sa part et pour aller plus loin en faire un objet de dialogue social pour articuler enseignements, éducation au développement durable et actions de toutes et tous au quotidien.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez recevoir, Monsieur le ministre, l’assurance de nos respectueuses salutations.

Signature CNB enjeux écologiques