Lors du Conseil Académique de l'Éducation Nationale, le Sgen-CFDT Nord Pas-de Calais souhaite exprimer ses interrogations sur la façon dont le gouvernement entend faire progresser et réussir tous les élèves et les étudiants.
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais lors du CAEN du 14 février 2018
La difficulté scolaire est présente partout
Mettre les moyens là où il y en a le plus besoin, dans les réseaux d’éducation prioritaire, nous y sommes plus que favorables mais nous déplorons la diminution des moyens dans les autres écoles, dans les collèges ou les lycées … La difficulté scolaire souvent liée à la difficulté sociale est présente dans bon nombre d’établissements scolaires qui ne relèvent pas de l’éducation prioritaire. Nous reconnaissons les efforts réalisés dans notre académie pour maintenir certains moyens dans des établissements fragiles. Toutefois pour de nombreux élèves, la réussite passe par un enseignement et un accompagnement personnalisés de qualité et non par un enseignement de masse. Or c’est ce qui se profile dans certains établissements où les effectifs de classe deviennent pléthoriques par le jeu des vases communicants ou quand des élèves ne sont pas pris en compte dans les effectifs prévisionnels.
École inclusive
En prolongement, se pose la question de l’école inclusive. Si là aussi nous constatons de réels et louables efforts pour les élèves au niveau académique, il s’avère que les enseignants, spécialisés ou non, concernés par les pratiques inclusives et volontaires dans la démarche voient leur charge de travail fortement augmenter sans que leur implication soit reconnue, notamment en terme de temps. Épuisement, isolement, sentiment d’inutilité sont croissants, ce que nous avons dénoncé dans le cadre d’une alerte sociale. A quand une véritable prise en compte des réalités pédagogiques et des conditions de travail des enseignants ?
Apprentissage
La réussite des élèves passe également par une orientation choisie et un droit à l’erreur qui ne soit pas une impasse. La réforme de l’apprentissage est en cours mais elle risque d’échouer si on ne considère pas l’apprentissage comme une modalité de la formation initiale. Il est indispensable de développer des passerelles entre la formation en apprentissage et la formation sous statut scolaire ou étudiant. Pour le Sgen-CFDT, l’enjeu est de sécuriser les parcours de l’apprenti pour limiter les risques de décrochage. Certaines dispositions ne semblent pas aller dans ce sens. Faciliter la rupture de contrat de la part des employeurs, c’est oublier que ces jeunes sont dans un parcours de formation. Permettre aux employeurs de déroger à la durée hebdomadaire de travail, c’est méconnaître les répercussions sur la santé des jeunes. Par ailleurs, depuis 2014, le Sgen-CFDT demande l’ouverture de discussions sur les conditions d’exercice des enseignants dans les établissements publics formant des apprentis.
Orientation réussite étudiante
Concernant la réussite des élèves et des étudiants dans l’enseignement supérieur, celle-ci nécessite des moyens tant au niveau des lycées pour un accompagnement personnalisé de qualité qu’au niveau des universités afin que celles-ci puissent créer des emplois et ainsi mettre en place également un accompagnement personnalisé des étudiants. Qu’en est-il des moyens attribués pour notre académie ? Il semble bien que seul le critère de l’augmentation des capacités d’accueil de certaines licences ait joué, négligeant la question des dotations en postes et des mesures de remédiation qui se conçoivent en ce moment sous l’appellation L0 (licence zéro), censées conduire les lycéens aux attendus et favoriser leur réussite en L1. Cela revient pour l’État à déléguer aux universités, dont les budgets sont déjà très serrés et dont la dotation ministérielle ne couvre déjà pas tous les besoins, la charge d’un dispositif conçu dans l’improvisation et à compter sur un nouvel engagement d’équipes pédagogiques déjà bien éprouvées et surchargées par les restrictions continues d’emplois depuis plusieurs années.