PLAN des exposés :

1) Le développement cérébral

2) Comment se forme un souvenir ?

3) Emotions/ mémorisation

4) Les émotions dans les apprentissages

5) la régulation du stress

6) l’introduction des neurosciences dans l’éducation

Quelques éléments du colloque :

« DES PROFS SEREINS POUR DES ÉLÈVES QUI APPRENNENT »

– Processus de mémorisation

– liens entre émotions et mémorisation

PLAN des exposés :

1) Le développement cérébral

2) Comment se forme un souvenir ?

3) Emotions/ mémorisation

4) Les émotions dans les apprentissages

5) la régulation du stress

6) l’introduction des neurosciences dans l’éducation

Une rapide introduction nous présente l’arrivée des neurosciences, en particulier portée par Jean Luc Berthier, mais à destination des collèges et lycées (son site https://sciences-cognitives.fr/) . Neuro’éduc ambitionne aussi de s’adresser aux parents. Il sera question de l’aspect fondamental, du substrat biologique du souvenir, du rôle des émotions dans la mémorisation et des effets du stress.

1) Le développement cérébral

Les connaissances en sciences cognitives sont récentes par rapport au mode de fonctionnement car c’est depuis les années 1980 qu’un bond en avant a été fait avec l’arrivée des IRM et autres machines qui étudient le vivant.  Ce champ de savoirs étudie les mécanismes du système nerveux.

 

 

Il y a interaction avec les disciplines de psychologie cognitive qui étudient le fonctionnement du cerveau en train d’agir, comme par exemple les sciences de l’éducation, biotechnologie, neuropsychiatrie, neuro psychologie, pédopsychologie, pédopsychiatrie…. L’intelligence artificielle apporte alors beaucoup, avec le projet de la fabrication d’un cerveau artificiel. Ces études sont coordonnées par Paris-Saclay (https://www.universite-paris-saclay.fr/laboratoires/institut-des-neurosciences-paris-saclay) , dont Stanislas Dehaenes est à la tête. Se mêlent les travaux de neurobiologistes, de neuropsychologues et de neuropsychiatres.

 

 

Références bibliographiques : L’école du cerveau d’Olivier Houdé.

                                                              Un rapport de l’OCDE de 2007.

Le cerveau est un organe précablé pour le langage, l’espace (maths), les émotions, mais pas pour lire. La lecture nécessite beaucoup d’efforts. Pour faire réfléchir, pour apprendre, on se rend désormais compte qu’on a besoin des émotions. Elles sont présentes de toute façon.

Un cerveau est conçu pour oublier (pendant la nuit, il fait le tri de ce qui ne sera pas gardé). Apprendre, mémoriser demandent un maximum d’efforts. La phrase qu’on emploie souvent « Les leçons doivent être sues » ne va pas de soi.

Être professeur est un défi relevé au quotidien.

 

Vidéo : Le cerveau est mature à 25 ans. Importance de l’hygiène de vie (alimentation, sport).

Hippocampe : zone des souvenirs

L’amygdale : se déclenche quand l’expérience est désagréable.

Le corps humain a d’énormes pouvoirs : lors de la grossesse, ce sont 3 000 neurones qui se créent par seconde. A trois mois de grossesse, un enfant entend les syllabes. A la naissance, un bébé possèdent 100 milliards de neurones.

De 0 à 1 an, c’est le système limbique qui se développe, foyer des sentiments de la colère et de la peur.

De 1 an à 12 ans : le cerveau se développe (consommant l’équivalent de 3 sucres par heure et ayant besoin d’oméga 3).

De 12 ans à 18 ans, ce sont toutes les connexions qui se mettent en place. A l’adolescence, le cortex préfrontal s’oppose au système limbique, ce qui explique une certaine instabilité émotionnelle. L’élagage est massif (ce qui lui semble inutile), le cerveau se spécialise. La puberté est de plus en plus précoce ; mais il y a une différence entre adolescence et puberté. C’est un âge où la testostérone est très présente et participe aux dérèglements. Cela a un impact sur la socialisation, dans la recherche de plaisirs et de sensations

De 18 à 25 ans, le cortex préfrontal muri. Le cerveau pèse alors en moyenne 1,3 kg, constitué de 78% d’eau et de 10% de graisse.

Le sport est nécessaire, il apporte l’oxygène à l’hippocampe. A partir de 65 ans, la capacité intellectuelle diminue (mais il est possible de la maintenir).

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La partie préfrontale du cerveau (cortex) « combat » ces émotions du système limbique (c’est lié à la réflexion et à l’éducation).

La plasticité cérébrale montre l’intérêt du principe d’éducabilité. L’épigénétique montre qu’on peut déclencher des choses par l’environnement.

Vidéo sur l’orphelinat de Roumanie avec des enfants et adolescents en isolement sensoriel. Ces orphelinats ont créé des enfants sans émotion ; 1/3 d’entre eux mourait. Cf Cyrulnik

Sans émotion pas de développement : les enfants souffrent d’hospitalisme.

Quand il y avait adoption, le cerveau pouvait se régénérer.

 

Sans émotion, pas de cognition ; tout ne se joue pas avant 6 ans !

 

Aux cycles 1 et 2, le système limbique est très prégnant, les émotions dominent : intelligence émotionnelle.

La synaptogenèse est la plus forte : profiter de la surplasticité du cerveau pour le nourrir de nouvelles expériences, de découvertes, d’explications.

 

2) Comment se forme un souvenir ?

Les premières expériences émotionnelles sont cruciales pour l’engagement dans les apprentissages.

Les émotions jouent sur l’amygdale qui est la valence émotionnelle (= sert à colorer les boules dans le film Vice Versa) puis agissent sur l’hippocampe (les souvenirs).

Ceci nous montre l’intérêt de susciter la surprise par la nouveauté, le plaisir par le ludique afin d’aider à la mémorisation.

Si l’amygdale a trop bonne mémoire : traumatisme/ SSPT , traumas, désengagement…

On peut apprendre à gérer les expressions des émotions, mais on ne peut pas empêcher les émotions.

D’après Domasio, 6 émotions de base qui participent à notre survie :

 

– la peur (pour la survie) : elle permet de  préparer l’action (attaquer ou fuir) ; les vaisseaux sanguins se rétrécissent pour éviter les blessures.

– la surprise (flexibilité mentale : suscite de l’intérêt et nous met en éveil)

– la joie : dans les relations sociales, se raconter les mêmes histoires. Cela crée un lien (attention à rire de qui et avec qui ? En France, on utilise beaucoup l’ironie)

– la colère : affronter les défis

– le dégoût : ne pas manger n’importe quoi.

– la tristesse : rassembler les gens

Le cerveau est précablé pour les émotions.

Le thalamus (qui est un centre de tri et envoi les stimuli – en fait, c’est plus complexe que cela) agit sur l’hippocampe et l’amygdale réagit sur l’hypothalamus qui donne une réponse émotionnelle plus rapide et cette sensation émotionnelle n’est pas consciente.

Les émotions sont différentes des sensations, et différentes des sentiments. La réaction émotionnelle est inconsciente ; le sentiment est une construction (exemple : sentiment d’incompétence lors de l’échec au permis de conduire).

Il est important de savoir que l’émotion est au centre du cerveau, à proximité de l’amygdale (zone de la peur). On n’est pas sur une utilisation de 10 % du cerveau. Et dans la zone de traitement de l’information, on est très loin de tout savoir.

3) Emotions dans le processus de la mémorisation à long terme (référence Cyrulnik)

Encodage

 

(Importance des émotions)

Consolidation/ stockage : différentes mémoires

· Mémoire de la signification, du sens : robuste,très employée à l’école, mais pas à la maison

· Mémoire des automatismes, liés à des répétitions à l’identique (mémoires procédurales)

(Renforcement du réseau de neurones)

 

Récupération

 

(réactivation des réseaux de neurones)

 

extrait du film Le Petit Nicolas

 

L’apprentissage par cœur est utile et nécessaire. La répétition est aussi indispensable.

Il y a besoin de réutiliser (le plus répété ou le plus émotionnel) car sinon, on oublie dans la nuit.

Quand on se raconte des souvenirs, les émotions peuvent changer.

Le cerveau ado : cf série « Qui ment ? » Saison 1 Épisode 5

Vidéo avec les poux : phénomène de contagion émotionnelle (les neurones miroirs)

Cela participe à l’empathie émotionnelle.

Vidéo « neurones moteurs » (moins sûr)

 

 

La joie est contagieuse, c’est le premier facteur de réussite des élèves (en 2, c’est la métacognition, en 3 la lecture).

 

La mémorisation: importance de la première expérience : donner envie, humour, action ludique

 

Evocation d’un souvenir agréable : utiliser le vécu d’un élève (en découverte ou en consolidation).

 

Après – midi : Atelier

 

4) Les émotions dans les apprentissages  non traité par manque de temps

 

5) la régulation du stress

Le stress : concerne les élèves, et les enseignants

Cf Cahiers Pédagogiques : la métacognition pour reprendre le contrôle

Cf Joëlle Proust

Il faut donc s’armer pour la régulation du stress.

Exemple : en 6e : Comment faire du stress mon ami ?

Se manifeste différemment selon les personnes : mal de ventre, sécheresse buccale, gorge serrée, tétanisé ..

Reconnaitre les symptômes de son stress est la première étape de la métacognition.

Cf émotion raquette : la maman inquiète de son enfant qui a traversé sans regarder, gifle son enfant par stress et non par colère.

Ex : chez les élèves qui n’ont pas les mots. Importance du vocabulaire, du lexique.

 

On a besoin de retrouver de l’espace pour penser en soi. Quand on ne fait rien, le cerveau par défaut, va vagabonder.

Quelles sont les hormones qui interviennent ?

D’abord l’adrénaline (une minute, une minute 30) puis le cortisol  après, secrétées par les reins, elles peuvent augmenter la fréquence cardiaque, jouent sur les poumons, augmente la pression sanguine, ralentissent l’activité du système digestif, et provoque une inhibition du système immunitaire.

la mémoire et l’attention sont alors surdéveloppées (cela se voit aussi physiquement par la dilatation des pupilles).

 

Différence avec le stress court qui booste, et le stress chronique qui peut engendrer des « troubles » : maladie cardiaque, perte du sommeil, ….

 

Il faut identifier nos « stresseurs », les situations qui nous stressent.

 

 

 

Cf Colonnes d’Aaron T Beck ; TCC (Thérapie cognitive comportementale)

C’est plus facile de travailler par automatismes

La méthode SPIN de Sonia Lupien :

S = sentiment de perte de contrôle

P = personnalité menacée (image de soi, dans les compétences, les valeurs, ce que j esuis…)

I = imprévisibilité

N = nouveauté

 

Souvent, combinaison des 4 à des degrés divers.

Contrer le SPIN à court, moyen et long terme :

– prioriser : faire une liste de priorités est un moyen de reprendre le contrôle

– respirer : cela permet de faire ralentir (y compris les fréquences cardiaques)

– silence

– technique des poses de pouvoir : importance de la posture (postures de puissance / d’impuissance)

– sourire

– utiliser les sens qu’on aime bien.

– aller chercher de l’aide (freehug)

– donner de l’aide : ocytocine (hormone de l’attachement) : on en produit aussi en aidant quelqu’un.

REFERENCE Catherine Gueguen

 

Questions : Neurocontes : préface de Lachaux

Petit livre de la manipulation à l’usage des honnêtes gens.

 

6) L’introduction des neurosciences dans l’éducation :

Pourquoi les enseignants ne s’approprient-ils pas les neurosciences ?

 

 

Les neurosciences sont un nouveau champ de connaissances scientifiques qui se donne comme but d’expliquer les mécanismes du cerveau. Elles semblent donc directement concerner l’école, ce lieu où le cerveau des apprenants est sans cesse sollicité par ceux et celles qui font profession d’enseigner.

Pourtant, il n’en est rien. Pire, les neurosciences cognitives suscitent plutôt une certaine méfiance.

 

Comment expliquer ce hiatus étonnant ?

 

La première explication pourrait être que les neurosciences sont un champ de connaissances récent, qui a fait de réelles avancées grâce à la mise au point de machines non invasives comme l’électro-encéphalogramme, l’IRM ou l’IRMf entre les années 50 et 80. Ces avancées technologiques offrent l’extraordinaire opportunité d’étudier le cerveau en train de penser et non des tissus morts. Mais ces recherches se sont déployées dans le champ de la santé. Ce n’est qu’en 2007 que l’OCDE fait le lien avec l’éducation…Cela fait quand-même 14 ans. Or durant ces 14 ans, les enseignants Français n’ont pas été formés aux neurosciences cognitives. Les actuels DU sont rares, la formation continue réellement indigente à ce sujet. C’est donc l’ignorance qui constitue le premier frein à l’introduction des neurosciences dans le champ scolaire mais cette ignorance est en grande partie due à l’état catastrophique de la formation continue du corps enseignant en France.

L’Institution tente d’y pallier par des MOOC produits par le Conseil scientifique (peu coûteux et susceptibles d’être déployés à grande échelle).  Si l’intention est louable, le canal utilisé ne l’est pas pour trois raisons : la non prise en compte du facteur temps, l’absence d’interaction humaine indispensable à tout apprentissage sérieux et enfin la propension de l’Institution à noyer les agents sous des informations tous azimuts émanant des différents niveaux hiérarchiques. Il n’y a aucun réalisme dans la capacité d’intégration de toutes ces données. Le Ministère se donne bonne conscience mais tape littéralement dans le vide.

 

De ce constat en découle un deuxième : le coût énergétique qu’induit tout nouvel apprentissage et le biais de confirmation utilisé comme parade. L’homme a naturellement tendance à résister à la nouveauté car celle-ci oblige à un effort cognitif coûteux, surtout si cet effort arrive dans un emploi du temps déjà surchargé. C’est la raison pour laquelle, il a tendance à préférer sélectionner ce qu’il sait déjà ou à adhérer aux idées qu’il partage déjà. Les neurosciences viennent bousculer certaines représentations : il est normal qu’une résistance apparaisse. L’accroissement de la charge de travail et les changements incessants de ces dernières années vampirisent l’énergie des enseignants, lesquels ne sont plus disponibles. Enseigner est une tâche complexe. Acquérir des compétences solides ne va pas de soi.

Pour qu’un enseignant apprenne, il a besoin de temps : pas un temps volé sur son temps personnel et privé (tard le soir, la nuit, le week-end, durant les vacances), un temps professionnel.

Pour qu’un enseignant apprenne, il a besoin d’un minimum de sérénité : le management par le stress et la culpabilisation est contre-productif.

 

En fait, le corps enseignant s’est crispé. Un petit historique permet de mesurer pourquoi les neurosciences ont pris une dimension politique alors qu’il s’agit d’un champ de savoirs scientifiques et non d’une idéologie. En 2018, Jean-Michel Blanquer crée le Conseil Scientifique de l’Education avec à sa tête, un chercheur, Stanislas Dehaene, lequel occupe par ailleurs la chaire de psychologie cognitive au Collège de France. Le but affiché est que la recherche puisse éclairer les politiques publiques

Pourquoi cela a-t-il coincé ? Plusieurs raisons peuvent être avancées :

 

-raison 1 : le choix d’un cognitiviste à la tête du conseil scientifique

Les sciences sociales semblent évincées au profit de la psychologie. Des penseurs en vue se sentent décriés, par exemple Philippe Mérieu. Certains corps intermédiaires ne sont pas consultés. Une pétition a circulé en réponse à un CSEN jugé trop neuroscientifique et pas assez pluridisciplinaire.

 

 -raison 2 : les neurosciences cognitives quand elles arrangent

Les neurosciences servent d’appui pour récuser certaines pratiques pédagogiques.

Un exemple emblématique est la méthode globale pour l’apprentissage de la lecture, dont les neurosciences prouvent en effet le manque de pertinence. Mais l’injonction descendante et péremptoire est venue remplacer le patient exercice de la preuve via la formation continue, ce qui a eu pour effet de hérisser les enseignants. A l’inverse, les neurosciences cognitives semblent oubliées quand est rétablie la semaine de quatre jours dans le premier degré, à l’encontre des données de la recherche sur la chronobiologie des enfants.

 

 -raison 3 : la suspicion d’une influence idéologique

L’association « Agir pour l’école », soutenue par le Ministère de Jean-Michel Blanquer est soupçonnée par le Café Pédagogique d’entretenir des liens avec l’Institut Montaigne, un think tank libéral. L’idéologie vient donc parasiter l’apport de connaissances purement scientifiques.

Ce soupçon est renforcé par la fermeture du CNESCO en 2019, un organisme indépendant d’évaluation des politiques publiques d’éducation dirigé par Nathalie Mons.

Ces signaux entachent, par effet boule de neige la neutralité du Conseil Scientifique, lequel ne dispose d’ailleurs pas d’un budget suffisant pour réellement diffuser les résultats des recherches scientifiques auprès des enseignants.

 

Enseigner de manière efficace demande beaucoup d’humilité. Il existe un immense décalage entre les conditions d’expérimentation en laboratoire et la réalité de la classe : la recherche ne peut progresser sans les enseignants de terrain. Stanislas Dehaene en a d’ailleurs parfaitement conscience.

L’école française obtient actuellement de piteux résultats selon tous les indicateurs internationaux, sauf pour nos élites. Vouloir améliorer les performances de l’Ecole française semble logique. Les neurosciences cognitives apparaissent comme une solution prometteuse. Mais n’y a-t-il pas le rêve d’une standardisation des pratiques pédagogiques et didactiques, sous couvert de neurosciences ? Ou le fantasme de la surpuissance grâce au décryptage du fonctionnement cérébral ? « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais. Laisser des savoirs sur le fonctionnement du cerveau aux seules mains de politiques ou de personnes détachées du terrain n’est pas très prudent.

Il est dans l’intérêt des enseignants de se les approprier. Pour eux et pour les élèves.

 

 

En bref :

            -champ de connaissances scientifiques récent

            -ignorance des enseignants aux causes multifactorielles

            -confusion entre sciences et idéologie

            -nécessité pour les enseignants de s’approprier ces savoirs afin de pouvoir en faire l’usage le plus éclairé possible.

 

 

 

 

 

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