Lundi 23 juin avait lieu la formation sur les droits des AED proposé par la CFDT Education Formation Recherche Publiques Nord – Pas-de-Calais. L'occasion de voir qu'il y a encore du chemin à faire avant que cette profession ne soit réellement considérée au sein de l'Education Nationale.
Une vingtaine d’assistant.e.s d’éducation et de direction avaient répondu présent à l’annonce de la formation. Tout commence par un tour de table pour se présenter qui va durer quasiment deux heures tant le besoin de s’exprimer et d’être écouté est important.
Les situations sont tellement différentes. Celles et ceux qui ne seront pas renouvelé.e.s dans leur établissement pour avoir simplement fait valoir leurs droits – actuellement, un non-renouvellement en CDD n’a pas besoin d’être justifié par l’employeur, c’est pratique. D’autres qui s’occupent quasiment de tout dans leur établissement sans avoir droit à aucune prime – les IMP ne peuvent être attribuées qu’aux professeurs et aux CPE. Certain.e.s qui doivent gérer les élèves de professeurs qui ne prennent qu’une partie de leur liste en Devoirs Faits et qui, de fait, se retrouvent à aider les élèves supplémentaires sur leurs heures de permanence déjà chargées. D’autres encore à qui l’on refuse les heures de fractionnement, que l’on fait venir aux portes ouvertes sans les décompter de leur temps de travail alors que la journée de solidarité est déjà prise en compte dans leur temps légal. Tout cela est ahurissant.
La Vie Scolaire, un service à tout faire
Les exemples ne manquent pas de moments où l’on demande aux AED de faire des tâches que l’administration – à qui l’on en demande de plus en plus également – n’a pas le temps de réaliser, tout cela loin des missions premières inscrites dans leurs statuts. Tout cela concoure à créer un climat de débordement qui empêche, parfois, de réclamer ses droits et conduit fatalement à en accepter davantage. Pourtant les missions des Assistants d’Education sont claires et, normalement, celles-ci doivent être explicitées dans des fiches de poste nominatives. Cela est même indispensable pour pouvoir reconnaître tout le travail fait.
Les AED sont souvent considéré.e.s comme à la disposition permanente de l’établissement, parfois même en dehors du respect légal des 10 heures de travail sur une amplitude de 12 heures consécutives et, pour celles et ceux ayant à charge des nuits d’internat, des 11 heures de repos légal entre deux services. Et bien souvent, beaucoup ne sont pas informés sur leurs droits et surtout, manquent de leviers pour les faire respecter.
Le CDD, une incertitude permanente
Cela tient en une phrase : « Si je demande à faire respecter mes droits, je ne serais pas renouvelé.e » Car le CDD à l’année, qui peut ne pas être renouvelé sans justification, est souvent une pression invisible qui pèse sur les AED, quand ce n’est pas littéralement une menace agitée par certains de leurs supérieurs. Car, chez la plupart des AED, et chez la totalité de celles et ceux qui étaient présents ce lundi 23 juin, le travail, le souci des élèves, l’amour de leur mission pèse énormément dans la balance et leur crainte de ne plus pouvoir le faire les retient souvent. Et il y a autant de conditions de travail qu’il y a d’établissements, créant alors des disparités énormes entre les situations individuelles.
La Cédéisation des Assistants d’Education ayant exercé 6 ans leur métier – même si ces années ont été entrecoupées – permet de faire émerger de plus en plus des agents qui ont une possibilité plus grande de défendre leurs conditions. Mais attendre six ans avant de pouvoir les réclamer, risquer de ne pas être renouvelé pour la sixième année, tout cela reste très compliqué pour des personnes qui ont besoin de leur travail.
Alors que faire ?
On ne peut pas agir seul, c’est bien pour cela que la CFDT Education Formation Recherche Publiques a sa raison d’être. En tant que syndicat général, nous avons dans nos rangs des militant.e.s issu.e.s de toutes les branches présentes dans un établissement, soucieux que le droit soit appliqué, et que le statut protège davantage qu’un contrat à durée indéterminé. Nos revendications ont poussé à l’obtention de la cédéisation mais elles ne s’arrêtent pas là pour ce métier à part entière.
Pourtant, la CFDT ne peut pas savoir ce qui se passe dans un établissement sans remontées de ses adhérent.e.s, sans messages ou appels qui permettent de réfléchir ensemble à des moyens d’action.
Et il faut aussi que les équipes de Vie Scolaire soient solidaires. On peut plus difficilement refuser un renouvellement à quatre individus qu’à un seul, alors il est temps de s’organiser pour agir et, dans ce combat, les AED en CDI ont toute leur place ! Car bien que leur situation ne soit pas la plus favorable qui existe et sur laquelle il y a encore de nombreuses avancées à obtenir, ils peuvent porter la voix de celles et ceux qui ont peur, accompagné.e.s par l’ensemble des militant.e.s de la CFDT. De même que les professeurs, les personnels de direction syndiqué.e.s qui peuvent peser sur les instances des établissements, sur les décisions prises et sur le respect de la loi.
Si vous êtes Assistant d’Education et que vous souhaitez agir, nous prévenir ou pour toute question concernant vos droits, n’hésitez pas à vous syndiquer, contacter votre représentant syndical ou encore nous contacter directement par mail à lille@efrp.cfdt.fr ou au téléphone au 03 20 57 81 81