Réforme territoriale et place des corps d’inspection

La nouvelle délimitation des régions a nécessairement fait évoluer l'organisation des services déconcentrés de l'état. La place de l'académie au sein des nouvelles régions est interrogée, de même que la place des corps d'inspection, notamment les IA-IPR, dans l'évolution de la gouvernance.

Une expérimentation à Caen et à Rouen

Denis Rolland, recteur de la région académique Normandie, recteur de l’académie de Caen et chancelier des universités, a été nommé aussi à la responsabilité de l’académie de Rouen au Conseil des ministres du mercredi 22 novembre 2017.

La Normandie sert d’expérimentation au gouvernement d’Édouard Philippe qui devra définir s’il souhaite régionaliser les académies du pays, sur la base des nouvelles frontières définies par la loi sur la Nouvelle organisation territoriale de la République, dite « loi Notre », d’août 2015.

La décision sera prise une fois un rapport d’une mission ad hoc rendu, normalement en mars 2018.

Dans aucune des deux académies normandes les corps d’inspection ne sont associés à la gouvernance. C’est d’autant plus préoccupant que la Normandie sert d’expérimentation.

Les conséquences de l’évolution de l’organisation des académies ?

Des conséquences évidemment à terme sur les personnels des services des rectorats sur lesquelles le Sgen-CFDT est très vigilant.

Des conséquences également sur l’évolution de la gouvernance académique, le rôle et la place des DASEN, des personnels de direction et des corps d’inspection.

Rien n’est arrêté affirme le cabinet du ministre, sinon que le statut quo n’est pas envisageable.

Cependant des pistes de réflexion sont avancées : un recteur qui reprendrait la main sur l’université, des DASEN qui pourraient devenir des vice-recteurs, des chefs d’établissement qui pourraient devenir des responsables territoriaux…

Quelle place pour les corps d’inspection ?

Le cabinet du ministre évoque le monde de l’école et du collège d’une part, le  monde du lycée d’autre part.

Le ministre ne fait pas secret d’une approche territoriale reliant davantage les écoles et les collèges. C’est ce qu’il décrit dans son ouvrage « l’école de demain » avec un rapprochement des IEN et des principaux qui pourraient piloter alternativement des circonscriptionss regroupant les écoles et les collèges d’un territoire.

 

Le 1er degré et le collège, dans la continuité, semblent, pour le ministre, les lieux privilégiés de l’action pédagogique.

Le ministre compte beaucoup sur les personnels de direction pour une évolution de la gouvernance. Par contre, les missions d’accompagnement pédagogique, au lycée en particulier, ne paraissent pas être au centre de ses préoccupations.

Pour les lycées, c’est un rapprochement des corps d’inspection (IA-IPR) et des proviseurs que le futur ministre avait évoqué dans son ouvrage programme.

Pour le Sgen-CFDT, il est nécessaire de rappeler que  :

  • Les IA-IPR sont des experts pédagogiques dont les compétences s’étendent du collège au lycée : il ne serait pas pertinent de les spécialiser sur un segment et donc de délester de toute préoccupation pédagogique l’enseignement en lycée.
  • Dans le cadre de nouvelles académies épousant la carte des nouvelles régions, leur mission de conseillers du Recteur doit être réaffirmée ce qui supposent donc que les IA-IPR sont placés directement sous l’autorité du Recteur et non sous l’autorité des DASEN qui appartiennent au même corps des IA.
  • Les IA-IPR ont une compétence pédagogique qui s’étend sur l’ensemble d’une académie, quelle que soit sa dimension ; ils peuvent donc opérer entre eux une répartition du travail en zones géographiques mais la dimension académique de leur mission doit être réaffirmée.