Assises de l’école maternelle : mise en scène d’une annonce présidentielle

Un événement organisé par le ministère, qui a d'abord permis l'annonce gouvernementale d'obligation scolaire à 3 ans à partir de la rentrée 2019.

assises de l'école maternelleLes Assises, théâtre de l’annonce présidentielle

E. Macron, Président de la République, a annoncé en ouverture des Assises de la maternelle : « J’ai décidé de rendre obligatoire l’école maternelle et d’abaisser de six à trois ans en France l’obligation d’instruction dès la rentrée 2019 ».

Si, comme le précise F. Cartron, sénatrice, « c’est une manière de réaffirmer le rôle primordial de l’école maternelle comme condition à la réussite scolaire des enfants », le Sgen-CFDT interroge les moyens qui seront mis en œuvre, tant matériels qu’humains. L’aménagement des locaux pour accueillir à temps plein les enfants de cet âge tout comme le nombre d’adultes encadrants sont primordiaux. Cette annonce questionne aussi le droit au contrat pour les écoles maternelles privées, ce qui présage un budget dédié conséquent.

E. Macron a placé cette annonce dans un continuum de 0 à 3 ans, rappelant au passage la possible scolarisation à 2 ans en éducation prioritaire. Le Sgen-CFDT, soutenant ces mesures et l’articulation aux services de la petite enfance, dénonce le fait que les postes prévus pour l’accueil des 2 ans aient servi de variable d’ajustement au dédoublement des classes en CP et CE1…

Des assises plus ou moins frustrantes

L’ouverture des Assises par le psychiatre Boris Cyrulnik place comme prioritaires l’attachement et la relation affective dans l’accueil des jeunes enfants.

La succession de courtes interventions tout au long des Assises forme un panorama succinct, parfois beaucoup trop, des différentes recherches scientifiques. La plupart des interventions ont fait état des conditions nécessaires à l’épanouissement de l’enfant, de la maturation des zones du cerveau à l’aménagement des salles de classe, en passant par la santé, les arts, les langages… Le manque de témoignages concrets d’acteurs de terrain s’est vite révélé. Le public en a d’ailleurs manifesté ses attentes, telle une éducatrice de jeunes enfants qui souligne l’absence de représentants de l’accueil des 0-3 ans lors de la table ronde dédiée… En effet, les différentes tables rondes ont essentiellement réuni chercheurs et décideurs, sans associer les personnels et leurs représentants, ni les associations partenaires de l’école.

Quelles suites aux assises ?

Le Sgen-CFDT se félicite cependant de l’importance accordée au langage, aux arts, à la prise en compte de la diversité (bilinguisme…) dans les apprentissages et l’accueil des petits. Il s’interroge sur les moyens mis en oeuvre à cet effet, sujet tabou non abordé lors des assises.

C’est pourtant une question cruciale qui conditionne la réussite de cet accueil, notamment le taux d’encadrement.

Pour le Sgen-CFDT, il est urgent d’expérimenter un renforcement des taux d’encadrement en maternelle, comme le propose France Stratégie dans sa note de mars 2018.

Renforcer les effectifs d’adultes dans les écoles maternelles doit être une priorité. Aujourd’hui, un·e seul·e Atsem, agent territorial des écoles maternelles, est attaché·e à 2 classes de maternelle. Apprendre à des tout-petits est une mission particulière qui demande une formation spécifique et accompagnement. Les enseignant·es et Atsem sont d’ailleurs les premier·es à demander formation et reconnaissance. La question de formations communes, de temps de rencontre réguliers pour travailler en équipe, est posée.

L’ouverture de consultations, en conclusion de ces Assises, dans l’objectif d’une école du langage et de l’épanouissement,  interroge directement le dialogue social et les moyens qui seront dévolus à l’école maternelle.