Déclaration à la CAPN des attachés d’administration de l’État (AAE) du 2 juillet 2019

Le Sgen-CFDT attire l'attention sur la faiblesse des taux de promotion en APAE concernant les "premiers de corvées" que sont les attachés.

À l’attention de Madame la Présidente de la CAPN des AAE, Mesdames et Messieurs les représentants de l’administration,

A titre liminaire, le Sgen-CFDT souhaite saluer la qualité du travail accompli par les services gestionnaires ainsi que l’accueil et la disponibilité de l’ensemble des personnels de la DGRH à l’égard des commissaires paritaires.

Depuis deux ans, beaucoup de réformes, beaucoup de circulaires et autres vademecum ponctuent le quotidien de l’Éducation Nationale. Le Sgen-CFDT n’est pas tenté par le statu-quo pour le statu-quo. Nous nous assumons réformistes et progressistes, mais nous ne sommes pas pour toute réforme par principe et nous serions tentés de dire que trop de réformes menées en même temps peuvent mener à l’embolie. Sans compter que bien des éléments de notre système éducatif doivent être conservés voire même confortés.

Le dialogue social peine souvent à être suffisamment conduit et construit de manière à ce que le sens et les objectifs visés ainsi que le chemin pour y parvenir soient compris voire partagés. Il en résulte aussi que les textes de mise en œuvre ne sont pas toujours pleinement cohérents avec les objectifs affichés. Cela peut générer un décalage majeur entre la communication ministérielle et les réalités vécues pour ne pas dire subies par les agents dans leur quotidien.

Alors que la prochaine CAPN prévue le 4 juillet aura pour objet de distinguer « les premiers de cordée » au travers de l’examen des propositions d’inscription au tableau d’avancement au grade d’accès fonctionnel (Graf) d’attachés d’administration hors classe (AAHC), le Sgen-CFDT souhaite profiter de la présente CAPN pour avoir une pensée sur les « premiers de corvée » qui dans les services académiques, universités ou EPLE, oeuvrent chaque jour bien souvent dans l’indifférence générale pour que notre système éducatif fonctionne au service des élèves et de l’ensemble des membres de la communauté éducative.

S’agissant des collègues en EPLE, le Sgen-CFDT souhaite s’exprimer sur le malaise professionnel et la souffrance au travail que vivent de nombreux adjoints gestionnaires dans les établissements publics locaux d’enseignement.

En tant qu’organisation syndicale, nous recueillons de très nombreux témoignages qui relatent la surcharge de travail dont est victime cette catégorie de personnel. Cet accroissement de la charge de travail des gestionnaires, encore accentué par la mise en Å“uvre de la réforme du cadre budgétaire et comptable, s’opère dans un contexte de diminution des moyens que les intendants sont les premiers à subir dans les établissements publics locaux d’enseignement.

Les gestionnaires sont aujourd’hui face à un choix cornélien : accepter de faire des heures supplémentaires qui ne leur sont pas payées ou hiérarchiser leurs tâches en se limitant au temps de travail relatif à leur statut.

Certaines tâches, compte tenu du degré de responsabilité qu’elles entraînent, restent prioritaires : sécurité, sécurité alimentaire et tenue de la comptabilité. Malgré l’intégration officielle des adjoints gestionnaires dans l’équipe de direction (été 2011), la reconnaissance du travail des gestionnaires et des responsabilités qui leur incombent n’a pas été suivie d’effets.

En matière de RIFSEEP, la cotation est restée injuste, démotivante et inadaptée au niveau de responsabilité et de charge de travail des gestionnaires. De plus, les gestionnaires d’établissements sont les seules catégories de personnels des établissements publics dont le salaire reste impacté par l’attribution d’un logement de fonction.

Il paraît urgent aujourd’hui de reconsidérer et de renforcer le positionnement des adjoints gestionnaires au sein des équipes de direction des établissements publics locaux d’enseignement, en leur assurant des conditions de travail décentes et la reconnaissance du rôle primordial qui est le leur : se situant en effet en amont et tout au long de la mission éducative proprement dite, les conditions d’exercice de l’ensemble de la communauté éducative en dépendent entièrement.

Or l’importante charge de travail qui incombe à la fonction d’intendance sous la pression constante d’un environnement professionnel de plus en plus exigeant (direction, enseignants, parents d’élèves, institution, collectivité de rattachement, ATTEE, fournisseurs…) est assurée au prix d’un engagement et d’une conscience professionnelle exemplaires, qui ne suscitent pourtant que l’indifférence générale.

Ce manque de reconnaissance et de moyens pour exercer leurs fonctions impliquent que soient rapidement prises un certain nombre de mesures propres à améliorer de manière tangible la situation de ces cadres,dont le travail exige de nombreuses compétences et un sens aigu des responsabilités.

Compte-tenu des multiples causes qui altèrent très fortement leurs conditions de travail, ces mesures devraient porter en priorité sur la détection et le traitement des situations de souffrance au travail, la mise à disposition de moyens humains et d’outils de travail adaptés au temps de travail légal, la reconnaissance réelle et effective de la fonction d’intendance par l’évolution du statut et de la rémunération, un recrutement et une formation professionnelle rénovés, l’amélioration et la clarification des relations avec les collectivités de rattachement.

L’éducation est au cÅ“ur du projet gouvernemental et aucun projet éducatif de qualité ne pourra se développer si toutes les conditions ne sont pas réunies au sein des établissements publics locaux d’enseignement. La gestion sereine de ces établissements est un préalable essentiel.

Concernant les personnels en services académiques et en université, les dysfonctionnements de l’application MVT 1er degré, le report des épreuves du brevet des collèges et les bugs de Parcoursup illustrent la dégradation des conditions de travail des chefs de bureaux et de service qui doivent mobiliser leur équipe souvent à bout de nerfs.

Pour le Sgen-CFDT, cette situation n’est plus tenable et nécessite des mesures concrètes pour endiger la perte d’attractivité affectant les postes d’attachés relevant de notre périmètre ministériel telles que la revalorisation du régime indemnitaire sur le taux moyen de tous les ministères, une réflexion sur la pertinence des postes de gestion dans les EPLE du milieu rural, un parcours sécurisé lors du déroulement de carrière notamment au grade d’attaché principal, un accueil personnalisé à la prise de fonction par un meilleur accompagnement et tutorat.

Au terme des ces remarques, le Sgen-CFDT exprime le vÅ“u que les travaux de la présente CAPN soient l’occasion d’échanges constructifs entre les représentants des personnels et ceux de l’administration dans l’intérêt de l’ensemble des attachés d’administration de l’Etat de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Nous vous remercions de votre attention.

Les représentants du Sgen-CFDT
Eric Chapuis
Amandine Delignère