En cette rentrée de janvier, certains appellent à un boycott des E3C. Le Sgen-CFDT est lui favorable à l’abandon complet des E3C. Faut-il donc soutenir et participer au boycott de la première session des E3C ?
E3C : stop ou encore ?
Pour le Sgen-CFDT ces épreuves communes de contrôle continu – E3C sont un élément problématique de la réforme du Bac : mal pensées, inadaptées, elles alourdissent la charge de travail de tous (personnels et élèves), génèrent du stress pour finalement n’avoir que peu d‘impact dans la scolarité, la poursuite d’étude et même l’obtention du baccalauréat.
Demander la suppression des E3C c’est pour le Sgen-CFDT revenir à la volonté originelle, partagée par tous, de simplifier le Bac et ses procédures. Or les modalités imposées des E3C (anonymisation, convocation des élèves, harmonisation…) produisent l’effet exactement inverse.
Supprimer les E3C c’est revenir à la volonté originelle, partagée par tous, de simplifier le Bac et ses procédures.
Mais les organisations syndicales qui proposent le boycott des E3C, demandent en réalité uniquement la suppression de la 1ère session des E3C, afin de donner à l’ensemble des épreuves du Bac un caractère d’épreuve terminale : interroger les élèves sur l’ensemble du programme, en fin d’année, sur tous les enseignements qu’ils ont suivi. Ça ressemble au bac actuel… en pire, puisque les élèves auraient dans les faits 2 sessions de bac, l’une en fin de première, l’autre en fin de terminale.
Le pari de ces organisations syndicales est pour l’instant de laisser croire que ce genre de mot d’ordre d’appel au boycott suffira à faire plier le ministère : c’est de « bonne guerre »… car il faut reconnaitre que devant la désorganisation possible, l’impréparation, les bugs de toutes sortes, et l’absence de formalisation concrète de l’indemnité promise pour correction, le mécontentement monte et se diffuse.
Des conséquences imprévisibles, mais probablement délétères pour tous, d’un boycott
Dans un premier scénario, si le ministère finalement « lâchait » sur cette première salve d’épreuves pour prendre le temps d’organiser correctement les suivantes, on peut craindre que dans ce cas, par « jurisprudence », on en resterait définitivement à un bac en 2 sessions d’épreuves terminales.
Autre scénario catastrophe, le ministère maintient la session de janvier-février, et des situations massives de blocages se mettent en place. Là encore, depuis le mois de juin dernier on sait que tout est possible, et que le ministère sous-estime complètement les effets de ces situations. Sa communication lénifiante « tout va bien se passer » n’est qu’un écran de fumée pour se laver les mains des conséquences qui retomberont d’abord sur les élèves, puis sur les équipes de direction qui seront en première ligne pour « se débrouiller ».
Le Sgen-CFDT ne soutient pas l’option du boycott
Les enseignants lancés dans un boycott de long terme seront quant à eux lourdement pénalisés financièrement (puisque le « boycott » ne peut que durer sur toute la période de passation) et risquent en plus des sanctions (si des mots d’ordre de grève ne les couvrent pas). Puisque les mots d’ordre de boycott ne pourront être réalisés que localement (en fonction des dates de passations qui s’échelonnent sur plus d’un mois), la désorganisation ou le chaos sont à craindre, rendant pour le coup les situations entre élèves extrêmement inégalitaires. C’est pourquoi le Sgen-CFDT est fermement opposé à la solution du boycott.
Des scénarios pour sortir de l’impasse
Cette situation insupportable a pourtant pour seule origine l’aveuglement du ministère, et son manque de courage face aux organisations contestataires ayant abouti à ne pas tenir la promesse du Président de la République d’un bac simplifié, avec 4 épreuves seulement et du contrôle continu.
Il est pourtant encore temps de sortir de l’impasse.
À moyen terme, en supprimant purement et simplement les épreuves d’E3C, le temps de modifier les décrets et arrêtés.
Rappelons que donner au contrôle continu 40 % du poids du baccalauréat, c’est d’abord reconnaitre la fonction d’évaluateur des enseignants et leur faire confiance. C’est aussi supprimer le mythe du « one shot » où les élèves jouent leur avenir sur une épreuve terminale, et enfin c’est entériner ce qui s’est fait depuis des années : que l’orientation des élèves repose d’abord et avant tout sur les évaluations menées en contrôle continu tout au long de leur scolarité. Sortir le système de ses faux semblants ne pourrait qu’être bénéfique à tous.
À court terme, en instaurant une période de transition
À court terme, une période de transition peut être facilement instaurée, pendant laquelle chaque enseignant pioche dans la banque de sujet et réalise un devoir particulier qui comptera pour les 30% : tous les sujets étant réputés similaires, chaque établissement établit librement les modalités de passation, et l’on supprime dans la foulée les commissions d’harmonisation intermédiaires, les convocations et l’anonymisation des copies de façon à laisser le calendrier et les modalités de passation complètement à la main des établissements.
Des discussions locales indispensables pour sortir de la crise
En attendant les décisions ministérielles les équipes sont confrontées à des choix lourds d’organisation. C’est le dialogue social local et la concertation en conseil pédagogique qui permettront de construire collectivement les solutions les plus adaptées aux contextes d’établissement et aux contraintes locales (nombre d’élèves, contraintes des locaux, temps de correction…).
Là où la situation est bloquée les syndicats Sgen-CFDT n’hésiteront pas à déposer des préavis de grève d’établissement pour peser et imposer des discussions qui permettent d’améliorer et de sécuriser les conditions de passage de ces épreuves.
Pour le Sgen-CFDT, il est urgent de prendre des mesures concrètes pour redonner du sens à cette réforme.