La Cour des comptes vient de publier un rapport intitulé "Le temps d'enseignement perdu par les élèves au collège" ce 12 décembre 2025. Quels constats ? quelles solutions ? L'essentiel du rapport et l'analyse CFDT ci-dessous.
Les constats: un taux d’heures « perdues » en légère baisse.
En 2023-2024, 9% des heures de cours non assurées dans les collèges.
- en baisse par rapport aux deux années scolaires précédentes (11,2% en 2022-23) , mais en hausse légère par rapport à 2018-2019 (8 %)
- 29,3% des absences s’expliquent par des raisons de santé
- environ 15% des absences le sont pour raisons institutionnelles ((formation, coordination, projets et sorties pédagogiques, induits par les besoins spécifiques des élèves, etc )
Des inégalités territoriales et selon les disciplines.
- Toutes les académies remplacent les absences de longues durées (+ de 15 jours à 90% ou plus).
- Des remplacements plus difficiles dans certaines disciplines (français, mathématiques, technologie, allemand)
- Des remplacements plus difficiles en zones urbaines sous tension, en zones rurales isolées et dans l’éducation prioritaire.
Analyse/ ce qu’en pense la CFDT:
- Le taux moyen d’absence des enseignants reste moins élevé de 13 % que celui des salariés du secteur privé et les enseignants sont globalement moins absents que dans les autres fonctions publiques. Et pour rappel plus de la moitié des enseignant.e.s ne sont jamais absent.e.s pour congé maladie ordinaire, 1/4 ne le sont qu’une fois à l’échelle d’une année scolaire, 20% de leurs arrêts maladie ont pour origine des troubles de la voix.
- Les absences d’enseignant.e.s non remplacées pendant des mois, voire toute l’année, sont concentrées dans les établissements aux IPS les + faibles. Or ce sont les remplacements longs, voire très longs non assurés, qui ont le plus d’impact sur les parcours scolaires font la différence.
Alors si l’objectif du ministère est vraiment une École plus égalitaire, c’est bien à cette question des remplacements longs non assurée qu’il faut s’atteler.
Les solutions apportées: bilan et nouvelles propositions.
Le Pacte coûte cher et ne permet pas une forte baisse des absences de courte durée:
- la mise en œuvre du « Pacte enseignant » a conduit à une hausse des dépenses de remplacement de courte durée
dans les collèges publics et privés sous contrat : celles-ci ont plus que triplé, passant de 27,72 M€ en 2018-2019 à 101,94 M€ en 2024-2025. - Malgré les propositions de Pactes, seules 12 % d’heures remplacées (remplacements de courte durée) dans les collèges publics.
- La Cour des Comptes s’interroge sur » le contenu et la qualité de l’enseignement dispensé lors du remplacement ».
- Malgré ces constats, la cour des comptes conseille de poursuivre la politique de Pactes impulsée en 2023.
Les formations et réunions pédagogiques hors temps scolaires: des solutions à nouveau promues.
- La part des formations hors temps scolaire dans le second degré public est en nette progression
- des créneaux de 8 à 9h ou lors d’heures de trous » sont conseillées pour ne pas perdre d’heures de cours.
L’annualisation du temps d’enseignement, TZR numériques, Program’cours ou encore la bivalence comme solutions ?
- le remplacement de courte durée pourrait être intégré aux ORS des enseignants selon un volume horaire plafonné.
- Le TZR dispense son cours par visioconférence, depuis son établissement de rattachement, à une classe qui est encadrée par un AED (expérience académie de Nancy Metz)
- Des solutions numériques comme Program’cours: Les élèves suivent la séance sur un ordinateur individuel ou une tablette sous la surveillance d’un AED ; ils accèdent à Program’cours via leur « espace numérique de travail » (ENT).
- encourager les détachements de professeurs des écoles d’être dans le corps des professeurs certifiés, recourir ponctuellement à des professeurs de lycée professionnel (PLP) pour effectuer des remplacements dans les matières
de collège qu’ils maîtrisent, notamment durant les périodes où les lycéens professionnels sont en stage ou en alternance, encourager la bivalence au collège.
Analyse/ ce qu’en pense la CFDT: Sur la question du remplacement des enseignant.e.s , il va falloir rapidement reprendre les choses à l’endroit!
- Mettre en œuvre une politique de santé au travail et de prévention en santé digne de ce nom, (aujourd’hui, il n’y a qu’un médecin pour 16 000 agents à l’Éducation nationale).
- Depuis plusieurs années quand on a supprimé des postes dans le 2nd degré, on a transformé les postes en heures supplémentaires parce qu’en fait, on a supprimé des postes d’enseignant.e.s sans que ce soit justifié par la diminution du nombre d’élèves, ni par une diminution du nombre d’heures de cours à faire. Or plus il y a d’heures sup, plus c’est dur d’assurer les remplacements courts.
- Le « pacte » accroît la charge de travail, loin de ce qu’il faut pour attirer dans le métier.
- Formation hors temps scolaire : c’est faire croire que le temps hors face à face avec les élèves n’est pas du temps de travail. Cela intensifie encore le travail!
- Les missions hors face à face pédagogique , de plus en plus nombreuses, ne sont pas organisées sur une base hebdomadaire. Le temps de travail des enseignants et des enseignantes est donc déjà partiellement annualisé… mais sans aucune régulation !
- Les examens et concours continuent d’amputer l’année scolaire – la fameuse « reconquête du mois de juin » n’est qu’un leurre.
La CFDT dénonce cette conception de notre métier, qui considère que le service d’un.e enseignant.e est fait uniquement de ses heures de cours hebdomadaires, et de « trous ». Temps « disponible » qu’il serait aisé de remplir, sans soucis de continuité, de charge de travail, de concertation avec les équipes.