Intrusion dans les classes

"Les classes ne sont pas des laboratoires ; les élèves ne peuvent être réduits à un statut de « cobayes » sur lesquels on exerce une action pour en voir les effets", extrait du rapport des inspecteurs généraux Viviane Bouysse et Gilles Pétreault de novembre 2012.

Le ministère a décidé un véritable déploiement de « l’expérimentation » « Agir pour l’école » en l’imposant, sans concertation ni informations précises, à 102 collègues du département du Nord (elle est déjà en cours dans le Pas-de-Calais).

Cette intrusion dans les classes réduit les enseignants à un rôle de spectateur alors qu’ils sont des professionnels de l’Éducation, concepteurs de leur enseignement C’est ce qui fonde leur professionnalisme et leur légitimité à assurer un enseignement de qualité, différencié, à l’ensemble de leurs élèves. Doivent-ils ne devenir que de simples exécutants ?

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais conteste la pertinence et la légitimité de cette expérimentation.

 

Expérimentation et Instructions Officielles

Cette expérimentation va à l’encontre :

  • des programmes et Instructions Officielles qui sont basés sur la relation lire-écrire-comprendre ;
  • des projets d’école et des actions menées en lien avec les écoles maternelles ;
  • du projet académique dont un des axes est le renforcement de l’autonomie des acteurs.

Comment peut-on remettre en cause, du jour au lendemain, un travail qui s’inscrit dans la durée ?

Cette expérimentation entrave la liberté pédagogique des équipes et ne permet pas la répartition horaire des différents domaines d’apprentissage définie dans les IO.

Les remontées de terrain dont nous disposons témoignent de pratiques pédagogiques tout à fait contraires aux Instructions Officielles.

De plus la formation sera assurée par des membres de l’association « Agir pour l’école » :

  • Quels sont les compétences, le statut, la fonction et la légitimité pédagogique des intervenants de cette association qui vont « accompagner » les enseignants dans la mise en place de ce protocole ?
  • A l’heure où l’on demande aux enseignants d’établir des conventions de partenariat pour l’enseignement de l’EPS à l’école, pour tout intervenant extérieur, pour toutes les classes, en y ajoutant NOTRE projet pédagogique, comment peut-on tolérer cette intrusion dans nos classes avec un projet clé en main, contraire aux Instructions Officielles, qui ne permet pas aux enseignants de se saisir des processus des élèves et du statut de l’erreur.

L’enseignant en est-il réduit au rôle de simple exécutant ?

 

Évaluation négative du dispositif par l’Inspection Générale

A ce jour, aucune évaluation de ce dispositif, pourtant mis en place depuis 8 ans dans le Pas de Calais, n’a été effectuée.

Il faut remonter à novembre 2012 pour trouver un rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale qui ne valide pas la méthode.

Ce rapport a montré l’inadaptation de la méthode à l’école. Le temps consacré à ce dispositif est tel que le temps des autres disciplines est impacté fortement.

Le rapport soulignait également que « le mode de travail qui s’impose dans le projet fait très peu de place à l’expression des élèves qui sont encadrés dans des processus de questionnement et produisent au mieux des bribes de phrases quand ce ne sont pas des mots seuls. Ils sont sollicités soit individuellement pour répondre de manière plus intensive que ce que l’on observe habituellement, soit collectivement pour répéter en chœur. Les interactions entre élèves sont très peu mobilisées ». Le rapport concluait à des  » réussites apparentes ».

Rémi Brissiaud, dans un article du Café Pédagogique, y voit lui la mise en souffrance d’élèves.

 

Dispositif imposé

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais conteste la façon dont ce protocole est actuellement déployé. Il a été imposé, sans concertation ni informations précises aux collègues concernés ni aux élus du personnel.

  • Pour quelle durée les équipes sont-elles engagées ?
  • Quelle formation ? Avec quels formateurs ?
  • Quel est le contenu précis et imposé des attendus de cette méthode ?
  • Quelles évaluations sont proposées ?
  • Sur quelles évaluations préalables a-t-on sélectionné les écoles ?
  • Quel est le rôle des équipes de circonscription dans ce dispositif ? Si les équipes de circonscription sont écartées, qui formera, suivra et conseillera les collègues ?

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais dénonce ces pratiques inacceptables et appelle les enseignants à continuer d’inscrire leurs pratiques dans le cadre institutionnel prévu par la loi, d’appliquer les programmes en faisant usage de leur liberté pédagogique et en s’appuyant sur les travaux de toute la recherche. Nous vous soutiendrons et restons à votre disposition pour toute question.

 

L’école financée par des entreprises privées.

Que penser d’une association financée, entres autres, par Total, Dassault, l’Institut Montaigne, la Fondation Bettencourt, Axa, la Société Générale … ?

Ces sociétés ou regroupement serait-elles devenues philanthropiques ?

 

Pour aller plus loin

Le Rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale

L’inspection débranche les expérimentations Blanqueur (4 juin 2013)

Rémi Brissiaud – Lecture : Une autre façon d’aller vers une éducation basée sur la preuve