Les personnels de direction face aux incohérences des réformes du bac et du lycée

Un an après les annonces ministérielles, les personnels de direction doivent faire face, seuls, aux incohérences et annonces contradictoires des réformes du bac et du lycée.

Une parole discréditée

Alors que la campagne des TRMD se termine et que les répartitions de la dotation s’affinent, les annonces ministérielles comme les consignes assignées au recteur (note DGESCO du 6 mars 2019) sur le traitement des choix des enseignements de spécialité vont à l’encontre du discours dispensé depuis la rentrée 2018 sur les parcours des élèves et leur accompagnement.

La parole des personnels de direction va s’en trouver remise en cause voire discréditée

La réforme du baccalauréat induit une profonde modification de l’architecture même du lycée. Des changements doivent s’opérer dans les EPLE tant sur le plan de l’organisation que sur la conduite de la politique pédagogique s’ils veulent pouvoir répondre aux grands enjeux du nouveau lycée , plus juste socialement et plus ajusté à la poursuite d’études des élèves.

Les personnels de direction sont seuls face à des choix décisifs car non accompagnés des moyens nécessaires

Les personnels de direction du Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais ont toujours été favorables à une évolution de la structure du lycée vers une plus grande modularité et à une construction progressive des apprentissages comme de la spécialisation des parcours. Aujourd’hui ils se retrouvent en porte-à-faux face à un lycée qui n’a de modulaire que la portion congrue qui elle-même va se voir rabotée en raison d’une réforme qui ne se donne pas le temps de le changer en profondeur.

Les personnels de direction doivent avancer sans aucun accompagnement, loin des GT d’experts censés leur apporter soutien et éclairages

Pour permettre la meilleure orientation des élèves et offrir un cadre de travail serein à l’ensemble des personnels, c’est bien plus que la structure contrainte et étriquée (qui répond à la logique comptable des 16 heures pour le tronc commun + 12 heures pour les spécialités + 8 heures de marge) qu’il nous faut imaginer.

Des interrogations sans cesse alimentées par des effets d’annonce

Faut-il conserver la structure classe sur les enseignements du tronc commun, au risque de contraindre le parcours des élèves et de menacer la faisabilité des emplois du temps ?  Faut-il, pour les garantir, remettre au cause la structure classe, quels que soient les enseignements (tronc commun comme spécialités ) ? Quid alors des conseils de classe et du rôle des professeurs principaux que la circulaire de septembre 2018 ne modifie en rien ?

Autant d’interrogations sans cesse alimentées par des effets d’annonce, des circulaires…

Et que dire de l’évaluation de la réforme du baccalauréat, qui devait permettre à ce dernier d’être plus progressif et de moins perturber la progression des apprentissages ? Il n’en sera rien : l’organisation pédagogique annuelle  sera perturbée par une évaluation permanente, complexe et encore très incertaine.

Les conditions de travail des personnels de direction, et en particulier celles des adjoints, vont s’en trouver fortement dégradées. Elles ne vont en rien être améliorées, comme devrait le permettre une réforme, mais vont bien au contraire s’alourdir d’une charge importante de gestion d’examens et d’organisations pédagogiques.