Le Sgen-CFDT fait le point sur les hypothèses, rumeurs et intox qui circulent à quelques jours de la remise du rapport Mathiot.
La mission présidée par Pierre Mathiot, après plusieurs dizaines d’auditions, devrait remettre son rapport au ministre dans la semaine du 22 janvier.
Le Sgen-CFDT a, parce que c’est sa vision du dialogue social, été reçu pour avancer ses propositions. L’absence de point d’étape intermédiaire a favorisé les diffusions d’hypothèses, rumeurs et intox diverses et variées. Le Sgen-CFDT a annoncé qu’il jugerait sur pièces sans entrer dans ce jeu potentiellement délétère.
Nous faisons le point pour démêler le vrai du faux à quelques jours de la remise du rapport et vous permettre d’y voir plus clair.
La réforme est un retour vers le futur avec reconstitution de filières qui existaient déjà dans les années 1980 (A, B, C…) – Info/intox
Dans l’état actuel des annonces la mission Mathiot va sans doute présenter plusieurs pistes au ministre. Il est probable que parmi elles, certaines amènent à conserver des « silos » de formation plus ou moins hiérarchisés et prestigieux.
Rappelons que pour entrer dans les silos prestigieux (filière S actuelle par exemple) s’exerce une sélection drastique à la fin de la classe de seconde, fondée non seulement sur le « mérite » mais aussi sur le niveau de connaissance des rouages du système par les familles.
L’objectif de la réforme du lycée est de faire des économies – Info (en tout cas, c’est sûrement l’un des objectifs )
Vu les DHG annoncées cette année et les annonces sur le budget de l’Éducation nationale il est certain que le ministère a l’intention de rééquilibrer le coût d’un élève entre le primaire et le secondaire. Le lycée, avec ses multiples options notamment, en fera les frais. Depuis longtemps, la cour des comptes dénonce le coût du bac.
C’est plié, nous n’avons pas voix au chapitre – Info/intox
Les consultations sont nombreuses, les choses ont évolué et dans l’état actuel des annonces, la mission va sans doute présenter plusieurs pistes au ministre. Pour l’instant celui-ci ne nous a pas habitués à écouter ce que les personnels ont à dire.
La responsabilité de l’organisation syndicale majoritaire dans cet état de fait est grande : elle dévoie le dialogue social en affichant avant même le début des concertations son hostilité à tout changement mais « en même temps » participe aux discussions pour obtenir des « lignes rouges » non discutables (CCF et contrôle continu) avant même la fin des consultations de tous les acteurs.
Le calendrier de la réforme du bac est intenable – Info
L’absence de continuité des politiques publiques d’Éducation induit que tout changement doit être réalisé dans un délai extrêmement contraint.
Ainsi le ministère envisage quelques semaines à peine de concertation avec les organisations syndicales, en février, avant ses annonces, pour une mise en œuvre de la semestrialisation en seconde dès la rentrée 2018 alors que les moyens ont déjà été répartis et que les programmes devront certainement être modifiés.
Ces délais imposés rendent les conditions de travail des personnels insupportables, à la fois sur l’assimilation et la maitrise des changements attendus (programmes, architecture…) mais également sur la philosophie générale de leurs missions, dont le sens semble devoir se conformer aux vues du ministre de la rue de Grenelle.
Les filières sont un gage d’égalité républicaine et un lycée modulaire sera forcément inégalitaire – Intox
Regardons l’état de la discrimination sociale dans le système actuel : 77 % des lauréats du bac enfants de cadres obtiennent un baccalauréat général, 14 % un baccalauréat technologique et 9 % un baccalauréat professionnel, alors que la répartition est de respectivement 34 %, 22 % et 44 % pour les enfants d’ouvriers.
Ceux qui utilisent cet argument de l’égalité républicaine renoncent simplement à regarder en face la situation actuelle et s’affranchissent ainsi de l’effort intellectuel de proposer des améliorations. Le lycée actuel et la forme du bac actuel sont particulièrement discriminants. Une réforme n’est-elle pas nécessaire?
Si certaines organisations syndicales prennent en exemple de lycée modulaire le modèle anglais, il existe bien d’autres systèmes éducatifs où le lycée est modulaire où les résultats des élèves sont meilleurs que chez nous et où les inégalités sont moindres.
Prendre le prétexte du contexte général de la société est malhonnête car la société anglaise est beaucoup plus libérale que la société française. Pourquoi ne pas plutôt regarder les effets positifs des lycées modulaires du Canada ou du Danemark ?
Le lycée proposé par Mathiot est un lycée modulaire, donc le Sgen-CFDT est forcément d’accord – Intox
Pour le Sgen-CFDT une réforme du bac et du lycée doit concerner toutes les voies et pas seulement la voie générale. Le Sgen-CFDT revendique un lycée polyvalent et diversifié. Polyvalent pour prendre en compte dans son organisation toutes les voies (y compris la voie professionnelle), et diversifié car il permet aux lycéens de construire un parcours en adéquation avec leurs appétences et leurs compétences.
Pour cela le Sgen-CFDT fait le pari de l’émancipation et de l’autonomisation des lycéens, notamment en aidant ceux qui en ont besoin par des dispositifs d‘accompagnement.
Le Sgen-CFDT revendique un bac « à la carte » et la fin d’un diplôme national – Intox
Jamais le Sgen-CFDT n’a proposé que les élèves choisissent les disciplines qu’ils souhaitent travailler et présenter au bac, et ce, quel que soit le niveau de spécialisation. Il propose au contraire un menu, dans lequel les apprentissages seraient progressivement construits par spécialisation progressive mais où la possibilité de garder des disciplines de découverte dans tous les domaines serait possible (y compris les domaines technologiques et professionnels).
Pour le Sgen-CFDT, le bac doit être une charnière entre le lycée et le supérieur, et doit réellement jouer son double rôle : la certification des compétences et connaissances et la préparation au supérieur.
Pour certifier des niveaux de compétences on peut aussi faire confiance aux professionnels de la pédagogie et de l’évaluation que sont les enseignants et accepter des modalités variées de validation des apprentissages. C’est le cumul de ces validations qui donne une indication du profil de l’élève, bien plus que la réussite toujours aléatoire à une épreuve à une date donnée, dans des conditions variables (canicule, maladie…). Par contre pour garder une dimension ritualisée au baccalauréat le Sgen-CFDT est favorable à une épreuve orale et récapitulative.