Sandrine Soual, CPE : une période anxiogène et incertaine qui génère du lien et des échanges

Sandrine SOUAL exerce au Lycée Professionnel Jehan Duperrier à Saint-Médard-en-Jalles dans la métropole bordelaise. Elle évoque son travail pendant le confinement et la préparation de la reprise.

Sandrine Soual, CPE : une période anxiogène et incertaine qui a généré du lien et des échangesSandrine est arrivée sur ce poste profilé à la rentrée 2018, un Lycée Professionnel de 400 élèves qui dispense des formations dans les secteurs industriel, aide et services à la personne, services ainsi qu’une 3ème prépa métiers.

 

Comment as-tu vécu la période de confinement ?

A l’annonce du confinement, avec une certaine incrédulité, puis nous nous sommes organisés. Dès le lundi 16 mars, une réunion s’est tenue avec l’équipe de direction, ensuite nous avons évolué au fur et à mesure en fonction du bilan dressé chaque fin de semaine.

En qualité de cheffe d’équipe, j’ai proposé d’emblée à chaque AED de venir travailler en présentiel sur la base du volontariat, j’ai demandé aux AED identifiés « profil à risque » d’assurer leur service en télétravail.

 

Quelles ont été les conséquences pour les élèves ?

Pour des élèves de lycée professionnel, beaucoup de difficulté à s’adapter très rapidement à ce changement. Une bonne élève m’a avoué « je me suis sentie dépassée par la surcharge de travail ».

A l’opposé des élèves ont rendu plus de travail qu’en présentiel du fait du télétravail et du temps dont ils disposaient. Certains élèves ont même été d’une assiduité totale (connexion à tous les cours proposés).

 

Quels liens as-tu entretenus avec les élèves et leurs parents ?

Avec les élèves, les AED ont tout de suite été associés au suivi des élèves dont ils assuraient le suivi de classe. Pour ce faire, ils ont tous été équipés de code d’accès Pronote et sont intervenus en lien avec le professeur principal. Ils ont pu dresser le bilan hebdomadaire du suivi de chaque élève (tableau excel), cela m’a permis de me concentrer davantage sur les situations les plus problématiques.

Avec les familles, les AED m’ont informé des messages laissés sans réponse par les parents, là encore j’ai pu intervenir rapidement par téléphone ou par courriel lorsque je tombais sur le répondeur. C’est ainsi que j’ai pu constater que de nombreux élèves passaient tout leur temps nocturne sur les plateformes de jeux en ligne en plus du temps passé en journée sur les réseaux sociaux.

Les AED ont assuré un suivi de qualité, ils ont fait un travail remarquable.

Pour les décrocheurs, pendant le confinement nous (le proviseur adjoint et moi-même) avons mis en place et animé un GPDS (groupe de prévention du décrochage scolaire) en visioconférence incluant les AED, la PsyEN, l’ASST, le professeur principal.

 

Quels moyens as-tu utilisés ?

Comme évoqué précédemment, nous avons travaillé en équipe par téléphone, par courriel, en visioconférence, dans quelques situations par rendez-vous au lycée (décrochage, confinement difficile par manque d’espace et de calme). L’assistante de service social a été en contact avec nous durant toute le période, la Psy-EN s’est amplement investie pour intervenir auprès de ces élèves et leurs parents.

 

Quelles relations entretiens-tu avec les élèves durant cette période ?

Essentiellement par contact téléphonique et quelques fois en rendez-vous dans l’établissement.

 

Que penses-tu de ta charge de travail au regard de celle d’avant le confinement ? 

Elle est aléatoire en fonction des semaines et des situations rencontrées. En tant que mère de deux jeunes enfants scolarisés en collège, j’ai dû aussi m’occuper des cours (6 heures par jour). De plus j’ai partagé la connexion internet avec mon mari lui aussi en télétravail.

J’ai vécu de l’intérieur ce qu’ont vécu les élèves et les familles.

Tout cela n’a pas été sans problèmes à résoudre dans la mesure où je ne disposais pas de matériel, pas de formation préalable à l’utilisation des outils. Cependant j’ai réussi à gérer l’amplitude horaire sans terminer tard le soir à la différence du présentiel au lycée où mon amplitude de travail explose tous les jours.

 

Comment prépares-tu le dé-confinement et le retour des élèves ?

Par un travail d’équipe associant autour de la CE, la CPE, l’adjoint de direction fortement impliqué dans l’organisation du retour des élèves, le DDFPT et le gestionnaire. Nous avons pu ainsi tenir les réunions de direction en visio et en présentiel, les conseils d’enseignement ; de même le CHS et le CA se tiendront en présentiel et en visio pour certains collègues.

En parallèle et avec l’aide des élus CVL via Pronote, j’ai pu m’investir sur la relecture du Règlement Intérieur en vue de sa refonte. Disposant de plus de temps « non perturbé » j’ai pu accomplir ce travail, ce qui aurait été impossible en présentiel.

 

Qu’est-ce qui dans ton activité va changer désormais ? A partir de la rentrée ?

On va se préparer à l’enseignement à distance et préparer les élèves au travail avec Pronote dans la perspective d’un second confinement. Ce qui a été positif pour les adultes durant cette période peut l’être aussi pour les élèves.

Ce confinement a permis à chacun de prendre du temps pour réfléchir sur soi, sur le système éducatif.

Le coté négatif, ce sont les contraintes sanitaires vécues comme anxiogènes par les élèves dont tous les stages ont été annulés et qui ne s’exercent plus à la pratique professionnelle.

Pour résumer en quatre mots cette période, je dirais qu’elle a généré du lien, lequel a permis beaucoup d’échanges et de partage malgré l’incertitude de la période et son aspect anxiogène.


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