Sept principes pour rater une réforme

Malgré des ajustements de dernière minute, le ministère est en passe de rater une réforme du baccalauréat qui aurait pu faire sens pour les élèves, les personnels et aurait dû servir l’intérêt général...

Réforme du baccalauréat : sept principes pour rater une réformeCet article reprend les éléments de la déclaration liminaire présentée par le Sgen-CFDT lors du Conseil Supérieur de l’Éducation du 21 mars 2018.

Les projets de décret et d’arrêtés soumis au Conseil Supérieur de l’Éducation vont dans le sens de ce que le Sgen-CFDT appréhendait et sur lequel il ne s’est pas privé d’alerter : le ministère est, malgré des ajustements de dernière minute, en passe de rater une réforme du baccalauréat qui aurait pu faire sens pour les élèves, les personnels et qui aurait dû servir l’intérêt général.

Et c’est bien la méthode retenue qui aboutit à ce résultat :

1. Définir un objectif initial qui ne dit rien de la politique visée

⇒ La définition d’un objectif initial, celui de ramener le nombre d’épreuves terminales à quatre, qui affiche un simple ajustement technique et ne dit rien de la politique éducative visée.

2. Se fixer un agenda absurde

⇒ L’absence d’agenda opérationnel, avec deux séquences qui se succèdent sans continuité : d’abord deux mois de consultations bilatérales menées par un chargé de mission qui aboutit à un rapport qui n’est que partiellement repris, puis une accélération de la procédure réglementaire concentrée sur quelques semaines qui empêche toute concertation approfondie.

3. Ne pas craindre l’incohérence

⇒ Ainsi l’évolution des coefficients portant sur les baccalauréats technologiques qui en font des baccalauréats à coloration technologique. C’est une évolution qui selon nous pourrait être porteuse de sens. Mais pourquoi alors maintenir des séries au nom de la spécificité de ces bacs technologiques ?

Ainsi encore, le choix d’une définition alambiquée du contrôle continu avec 10 % de résultats « ordinaires » des élèves et 30 % de partiels avec sujets nationaux, anonymat des copies et commissions d’harmonisation alors qu’il était question de simplification.

4. Ne pas tenir compte des expériences passées

⇒ Ce déploiement de procédures de contrôle rappelle celui mis en œuvre pour le CCF (contrôle en cours de formation) en Lycée Professionnel et aboutit aux mêmes effets : dénaturation du dispositif, rigidification et asphyxie du fonctionnement des établissements, stress des équipes et des élèves.

5. Ne pas travailler en interministériel

⇒ Le calendrier envisagé perd de vue la prise en compte des résultats des épreuves terminales de spécialité prévues en mai dans Parcoursup qui ferme actuellement en mars. Le Sgen-CFDT y voit un ultime effet de l’étanchéité des dossiers de l’accueil en 1er cycle et du bac et de l’insuffisance du travail interministériel mené.

6. Ne pas faire confiance aux équipes

⇒ Cette volonté d’encadrer le travail des équipes pédagogiques pose la question de la confiance envers les personnels. Que craint-on exactement, alors même que depuis des décennies c’est sur la base de leurs évaluations que se font les orientations vers les filières sélectives de l’enseignement supérieur ?

7. Et surtout, surtout ne pas se préoccuper des questions RH

⇒ Ces procédures font peu de cas du travail des agents. Elles maintiennent une confusion néfaste entre les temps d’évaluation pour les apprentissages et les temps de certification pour le bac, et vont entretenir le bachotage. Elles vont aussi peser lourdement sur le travail des personnels administratifs et des personnels de direction, avec la pression liée à l’organisation des épreuves et à l’anonymisation des copies.

Pour le Sgen-CFDT ce n’est pas ainsi qu’on construit une politique publique efficace, ce n’est pas ainsi qu’on construit le changement dans l’Éducation.

 

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