Les circulaires ministérielles publiées au BO du 26 avril 2018 nient le professionnalisme des enseignants et des inspecteurs du 1er degré. Le Sgen-CFDT, en désaccord avec le SIEN-UNSA, s'insurge contre la caporalisation des IEN du 1er degré.
Quatre notes de service…
Nous étions habitués aux déclarations médiatiques du ministre de l’Éducation Nationale destinées à un large public, qui se voulaient rassurantes et déterminées, agrégeant le retour aux fondamentaux, le port de l’uniforme, la confiance, les méthodes scientifiquement validées, la laïcité…
Avec la publication au Bulletin officiel du 26 avril de quatre notes de service et d’un guide concernant les « fondamentaux », la communication ministérielle fait le choix d’une communication verticale et injonctive. Le ministre délivre un message en décalage, sinon en rupture, avec les consensus établis par le CNESCO sur la lecture.
Le ministre a expliqué qu’il a voulu proposer un « cadre que beaucoup d’enseignants attendaient. »
De même, il a ajouté que « des inspecteurs de l’Éducation nationale regrettaient de ne pouvoir intervenir quand ils constataient telle ou telle mauvaise pratique en classe, en l’absence de texte national de référence. Désormais, il y en a un, qui est le produit d’une intelligence collective »…
…Et un guide fondé sur l’état de la recherche pour expliquer aux enseignants comment enseigner.
Quelles conséquences pour les IEN ?
Naturellement, les corps d’inspection sont sollicités et mobilisés, pour impulser et contrôler la mise en œuvre des instructions didactiques. Le ministre convoque à ce titre tous les IEN durant 3 jours à l’ESEN à la rentrée prochaine, dans le cadre du « plan de mobilisation pour les fondamentaux dans le 1er degré. »
De même, le ministre a décidé que les 18h d’animation pédagogiques des professeurs des écoles seront « utilisées pour consolider l’enseignement des fondamentaux. »
C’est une véritable « caporalisation » des IEN qui est en train de s’opérer !…
Les IEN sont confrontés à des injonctions paradoxales entre la déclamation permanente d’une école de la confiance d’une part, et d’autre part le « guidage » dogmatique par des circulaires dont la valeur juridique est contestable et une mise au pas en règle de la part de leur ministre.
Les IEN sont confrontés à des injonctions paradoxales insupportables
Les injonctions ministérielles, la gouvernance académique de plus en plus prégnante, la place revendiquée par les Inspecteurs d’Académie de l’échelon départemental conduit à une cacophonie parfois surréaliste concernant les plans de formation à établir de toute urgence pour répondre à la commande.
Les IEN en circonscription n’ont plus de latitude, et le pilotage d’une circonscription devient une gageure d’articulation et d’exécution des commandes hiérarchiques. La crédibilité de l’IEN et la relation de confiance avec les équipes enseignantes, établie bien avant qu’on ne le déclame au plus haut niveau, est mise à mal, voire compromise
Se dessine alors la problématique du dilemme et du conflit de loyauté : diffusion sans discernement des prescriptions du discours ministériel d’un côté ou promotion de l’esprit et la lettre des programmes, des valeurs du socle commun, dans le respect et l’accompagnement des professionnalités enseignantes ?
L’efficience des pratiques enseignantes ne saurait être circonscrite à l’usage de tel manuel correspondant à des choix plus dogmatiques que didactiques, l’accompagnement et le pilotage pédagogique ne sauraient, pour les corps d’inspection, être contraints à un exercice de contrôle d’exécutions de consignes.
Quelle réponse des IEN au ministre ?
En réponse aux circulaires du ministre, le SIEN-UNSA, premier syndicat d’inspecteurs, a déclaré qu’il « appartient, en effet, aux enseignants de prévoir la mise en œuvre de ces recommandations en fonction du contexte particulier dans lequel ils travaillent ». Il adopte de fait une posture servile au service de l’autopromotion du discours ministériel.
Le Sgen-CFDT est en désaccord total avec ce positionnement qui réduit les choix pédagogiques à opérer par les maîtres à celui de la bonne méthode de lecture efficace pour tous les élèves au même moment, et le rôle des inspecteurs à être des contrôleurs / vérificateurs de la bonne méthode employée.
Les circulaires publiées par le ministre nient le professionnalisme des enseignants comme celui des inspecteurs qui doivent accompagner tous les personnels au bénéfice de la réussite de chaque élève.
Quant à la mise au pas de tous les IEN par le ministre, elle est tout simplement inacceptable.
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