A l'heure où le débat porte essentiellement sur la relation pédagogique à distance, nous vous proposons une synthèse des témoignages du travail éducatif quotidien de celles et ceux dont on ne parle pas : les CPE. Petit tour d'horizon des territoires.
Dans le contexte actuel du confinement, la priorité accordée à la continuité de l’action pédagogique à distance va de soi. Cependant cette continuité a pu quelque peu occulter le travail d’autres catégories de personnels autres que les enseignant·es.
Parmi elles, les CPE et leurs équipes d’assistant·es d’éducation – AED. Comment exercent-ils /elles leurs missions ?
Il y a d’abord les collègues qui sont confiné·es à domicile dont l’exercice professionnel, pour être accompli, nécessite la résolution de nombreux problèmes. D’autres sont à domicile avec une permanence, une astreinte dans l’établissement un jour par semaine. Enfin il y a tous les collègues logé·es, en poste quatre jour par semaine à leur bureau.
En fonction de la diversité de ces situations, l’exercice des missions de CPE diffère considérablement.
CPE : travailler à distance, souvent un défi technique
Concernant les collègues confiné·es exerçant en télétravail, la plupart ont reçu des consignes claires de leur chef.fe d’établissement. Ces collègues utilisent majoritairement le logiciel Pronote afin de repérer les élèves non connectés aux plateformes de cours en lignes utilisées par les professeur·es.
Les parents me remercient chaleureusement de prendre des nouvelles de leur·s enfant·s et pour les conseils éducatifs que je leur propose.
A partir de ce constat, ils /elles contactent par téléphone les élèves et leurs parents afin d’identifier les raisons de cette absence de connexion. Elles sont diverses : saturation du réseau internet, zone blanche, pas d’ordinateur ou un seul poste pour plusieurs enfants et parents en télétravail. Ces appels sont l’occasion de rappeler aux parents le rôle crucial de la relation éducative qu’ils entretiennent avec leur·s enfant·s.
Réorganiser le travail en temps de crise sanitaire
Situation des CPE assurant une permanence hebdomadaire dans leur établissement
En ce qui concerne les collègues à domicile mais effectuant une permanence hebdomadaire dans leur établissement, ils /elles sont soit réquisitionné·es (quelques un·es ont reçu un ordre de réquisition signé par leur chef d’établissement), soit volontaires. Ils / elles viennent dans l’établissement, en alternance avec les autres personnels désignés ou volontaires (AED, adjoint·e, gestionnaires, secrétaires) ou assurent une astreinte téléphonique depuis leur lieu de résidence.
Lors de cette permanence, leur tâche principale consiste à assurer un accueil téléphonique, la surveillance des enfants de soignants, la distribution de photocopies (ou d’ordinateurs) aux parents des élèves isolé·es, ou simplement une présence dans le cadre de la continuité du service public.
Situation des CPE logé·es
En dernier lieu, parmi les collègues logés dans l’établissement, certain·es assurent une permanence à leur bureau quatre jours par semaine. Outre l’accueil téléphonique, ils /elles investissent ce temps pour contacter les élèves et les familles et assurer ainsi une continuité éducative essentielle au maintien du lien avec l’institution scolaire.
J’assure un soutien apprécié par les parents, cela fait du bien de se sentir utile.
Situation des AED
Dans la plupart des trois cas de figures évoqués ci-dessus, les AED fonctionnent pour certain·es en télétravail après avoir été doté·es des moyens d’assurer cette tâche (attribution d’un code individuel d’accès au logiciel Pronote, prêt d’un ordinateur). Cela leur permet d’assurer la continuité du suivi et de joindre leurs efforts à celui des CPE.
Des horaires qui peuvent dépasser ceux du cadre réglementaire
Pour certain·es collègues, outre la difficulté de bénéficier d’une connexion viable, le rôle de parents de jeunes enfants auxquels il faut relayer le travail des professeurs devient une source de complication supplémentaire, voire génératrice d’anxiété. En effet la « journée de travail » dépasse alors le cadre réglementaire avec des horaires dépassant allègrement les douze heures quotidiennes.
En plus du suivi des élèves, j’assure le suivi des parents et des collègues enseignants parents de jeunes enfants qui découvrent le métier d’enseignant auprès de jeune public.
A noter cependant quelques initiatives judicieuses telles que la mutualisation des démarches opératoires auprès des familles (suite à des réunions de CPE par bassin de formation), la mise à disposition des CPE par des CE de la liste hebdomadaire des élèves non connectés aux cours en lignes (extraction Pronote), le renvoi à domicile par les chefs d’établissement des personnels en situation de fragilité (maladie, grossesse,etc).
Une organisation du service de mieux en mieux adaptée au contexte
D’autres constats sont apparus en début de période de confinement : l’attitude inadéquate de certain.es chef·fes d’établissement à l’égard des CPE et AED de l’établissement, l’absence totale de directives émanant de quelques équipes de direction à destination du pôle Vie Scolaire, la difficulté de travailler en équipe avec certains collègues, l’inaccessibilité aux outils de travail (Pronote, ENT) du fait de la saturation des réseaux numériques.
Cependant, au fil des semaines, ces situations ont disparu au profit de réponses mieux adaptées aux contextes. Certaines d’entre elles ont pu être améliorées grâce à l’intervention du Sgen-CFDT. Le syndicat et la fédération sont là pour apporter soutien et expertise aux collègues.
En cas de problème, n’hésitez pas à solliciter les élu·es du Sgen-CFDT de votre académie, le syndicat continue à vous défendre en période de confinement.
Certains ont re-découvert que j’exerce un métier utile.
Devant la diversité des situations rencontrées, les CPE sont identifié·es comme des interlocuteurs efficaces et indispensables à la vie des communautés éducatives. Ils/elles sont les chevilles ouvrières de cette relation éducative, en concertation avec les professeurs et les familles.