Expérimentations de dispositifs d’inclusion, statut des AESH : qu’en pense le Sgen-CFDT ?

Les expérimentations de dispositifs d'inclusion sont un premier pas vers la mise en oeuvre d'une école véritablement inclusive. C'est pour le Sgen-CFDT un premier pas qu'il va falloir étayer et accompagner.

Expérimenter des dispositifs inclusifs

éducatino inclusive

Comme le précise le dossier de veille de l’IFE, la France, pourtant engagée dans l’école inclusive sur le plan législatif, peine à se dégager de son modèle historique de double séparation : entre l’école publique et les établissements privés d’une part, entre l’Éducation nationale et le ministère de la Santé d’autre part.

Les expérimentations présentées, tels les Pial, sont destinées à l’inclusion des élèves en situation de handicap. Ceux-ci sont actuellement scolarisés dans différents types d’établissement selon leurs besoins (45% le sont en classe ordinaire, 38% en dispositif ULIS et 14% en établissement spécialisé).

Pour le Sgen-CFDT, ces expérimentations doivent permettre de développer les coopérations entre les différents professionnels, faciliter le tutorat et le parcours de l’enfant tout en améliorant les conditions de travail des personnels. L’accompagnement des élèves, tout comme celui des enseignants nécessite l’engagement des différents ministères.

 

Des annonces ministérielles spécifiques aux AESH

Quatorze ans après la publication, de la loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » (11 février 2005), le gouvernement annonce des mesures visant à réduire la précarité des emplois des  AESH et à améliorer leur formation.

Contrats des AESH

Dès la rentrée 2019, tous les accompagnants des élèves en situation de handicap auront un contrat pérenne. Ces contrats de trois ans seront renouvelables une fois, avec à la clef un CDI. – JM Blanquer

Pour le Sgen-CFDT, le passage de 6 contrats successifs d’une année à 2 contrats de 3 ans constitue une petite avancée, mais le temps nécessaire pour passer d’un CDD à un CDI reste de 6 années. La situation professionnelle des AESH reste donc trop précaire.

Le Sgen-CFDT revendique :

  • le recrutement plus rapide en CDI afin de « limiter » la précarité liée aux CDD successifs,
  • la prise en compte des années d’AVS sous contrat aidé dans le calcul des années pour obtenir un CDI.

 

Formation des AESH

La mise en place d’une formation de 60 heures annuelles pour tous ces accompagnants afin de garantir une meilleure qualité de scolarisation des élèves. – JM Blanquer

Pour le Sgen-CFDT, ces 60 heures annuelles doivent  :

  • être accessibles à tous les personnels accompagnants
  • bénéficier d’un remboursement des frais de déplacement
  • répondre aux besoins formulés par les AESH

 

Mise en place des Pôles inclusifs d’accompagnement localisé – PIAL

Selon Jean-Michel Blanquer, « ces équipes d’accompagnants à temps plein, dédiées aux établissements, permettent de s’adapter aux différents types de besoins des élèves en situation de handicap sur leur temps scolaire, et d’offrir aux familles une meilleure qualité dans l’accompagnement de leurs enfants. Ces équipes dédiées de personnes qualifiées permettront aussi de mieux articuler l’accompagnement des élèves sur le temps scolaire et périscolaire. »

Pour le Sgen-CFDT, chaque AESH doit se voir proposer un contrat à temps plein et avoir le choix d’accompagner ou pas les élèves en situation de handicap sur le temps périscolaire. Nous revendiquons pour cela un seul contrat et une seule rémunération par la signature de conventions entre l’Éducation nationale et le territoire.

L’école inclusive vise l’inclusion de tous les enfants à besoins particuliers, qu’ils soient allophones, primo arrivants, enfants précoces, qu’ils présentent des troubles du comportement ou subissent un handicap. L’expérimentation des pôles inclusifs est un premier pas vers l’éducation inclusive : elle ne doit pas s’y arrêter. Mais il ne faut pas négliger l’accompagnement dont tous les personnels ont besoin, pas seulement les accompagnants. Ainsi, il faut former les équipes pédagogiques à la différenciation, au travail avec les partenaires et dégager du temps de travail commun.

 

Les revendications du Sgen-CFDT pour l’éducation inclusive :

  • Reconnaitre toutes les tâches liées à l’école inclusive pour tous les personnels,
  • Assurer l’accompagnement des personnels et des élèves par des professionnels spécialisés,
  • Assurer un accompagnement des élèves par les AESH et par les AED (assistants d’éducation) en nombre suffisant,
  • Proposer de véritables contrats de travail à temps plein pour les accompagnants,
  • Offrir une formation adaptée à la prise en charge des élèves en situation de handicap ou à besoins particuliers pour tous les personnels,
  • Dégager du temps de travail pour la concertation en équipe autour de la mise en œuvre de l’accueil des élèves à besoins particuliers.

 

C’est aussi viser le respect des recommandations du Conseil de l’Europe  (22 mai 2018) pour progresser vers l’éducation inclusive.

  • Pour le Conseil de l’Europe, les systèmes d’éducation inclusifs et équitables favorisent la cohésion sociale, évitent la marginalisation des jeunes, jettent les bases d’une citoyenneté active et renforcent l’employabilité :

« l’éducation contribue à garantir l’inclusion sociale en donnant à tous les enfants une véri­table chance et les mêmes possibilités de réussir. La mise en place d’un accès égalitaire à une éducation inclusive de qualité pour tous les apprenants, notamment ceux qui sont issus de l’immigration ou de milieux socioéconomiques défavorisés, ceux qui ont des besoins spéci­fiques et ceux qui présentent un handicap est un élément indispensable pour parvenir à une cohésion accrue dans nos sociétés. »

  • Pour y parvenir le Conseil de l’Europe recommande de promouvoir une éducation inclusive pour tous les apprenants, notamment :
    • en dispensant un enseignement de qualité à tous les apprenants dès la petite enfance et tout au long de la vie,
    • en fournissant l’appui nécessaire à tous les apprenants en fonction de leurs besoins particuliers, y compris à ceux qui sont issus de milieux socioéconomiques défavorisés ou issus de l’immigration, à ceux qui ont des besoins spécifiques et aux apprenants les plus doués,
    • en facilitant la transition entre les différents parcours et les différents niveaux d’éducation et en permettant l’apport d’une orientation scolaire et professionnelle adapté.

Pour aller plus loin
6 février 2019 – AESH : ce que le Sgen a défendu !