Journées Rep+ et pondération : une réponse possible pour travailler ensemble

Travailler en équipe, imaginer des modalités d’accompagnement, pratiquer de la co-intervention… Si notre travail a évolué, comment à la fois le reconnaître, le faciliter, l’accompagner, en repensant l’équilibre global de nos différentes missions ? Le Sgen-CFDT repart des dispositifs proposés en REP+

conditions de travail - reconnaissance du temps de travail collectif Travailler en équipe, co-construire des projets, imaginer des modalités d’accompagnement, pratiquer de la co-intervention, organiser de l’analyse de pratique… Toutes ces approches du travail collectif (et bien d’autres) sont bien souvent expérimentées dans les écoles et les établissements pour répondre à des problématiques d’enseignement-apprentissage posées par le terrain. Elles font de fait, partie prenante de notre travail effectif. Mais si notre travail a évolué, comment à la fois le reconnaître, le faciliter, l’accompagner, en repensant l’équilibre global de nos différentes missions d’enseignant ?

REP + :
du temps de travail collectif reconnu dans le temps de service

Là où les difficultés scolaires et sociales des élèves sont les plus fortes, la question du temps nécessaire à ces multiples missions a été clairement posée et reconnue comme une nécessité par l’institution (refonte de l’éducation prioritaire, 2014). En REP+, dans le premier comme dans le second degré, le choix a été fait de diminuer le temps de face à face élèves pour libérer des temps d’échanges entre collègues, des formations adaptées aux difficultés de terrain en lien avec les projets d’école ou de collège.

 

Premier degré : 18 demi-journées de formation, de rencontres, de travail collectif, prises sur le temps de face à face élèves

« Côté enseignant, la réforme, ce qu’elle a apporté c’est tout le volet concertation, formation, et ça c’est énorme. Il y a la concertation au sein de l’école, avec l’autre école du réseau et avec le collège, avec les autres partenaires, par exemple la petite enfance… Cela n’existait pas avant. » (directrice d’école en REP+)

Ces temps peuvent en outre être pleinement investis par les collègues uniquement parce qu’une équipe stable de brigade REP+ est mobilisée pour les remplacements.

« Ce qui est super, c’est la Brigade REP+, par journée, sinon, ce ne serait pas tenable pour l’équilibre ».

En effet, sans cette mesure, la diversité des remplaçants et leur affectation à la dernière minute, ajouteraient une difficulté supplémentaire pour la gestion de classe.

 

Second degré : les collège de REP+ bénéficient d’une pondération

Chaque heure de cours équivaut à 1,1 heure, ce qui diminue le nombre d’heures en face à face élèves, et libère du temps pour travailler en équipe. Là aussi sont privilégiés les axes du projet d’établissement en lien avec des problématiques réelles rencontrées par les équipes.

Les collègues interrogés ressentent, en large majorité, positivement ce dispositif. Sont ainsi reconnus à la fois l’investissement très énergivore lié au face à face élèves, en allégeant ces temps de classe. Et l’investissement très chronophage du travail collectif primordial  en Rep+, en accordant des plages horaires pour cela. Le sentiment de pouvoir travailler « mieux », de se « poser » est exprimé.

 

Des temps collectifs à co-construire

La plupart des retours émanant de ces écoles ou collèges permettent de poser qu’alléger le temps de face à face élèves pour permettre des temps de travail collectif (plus ou moins formalisés) semble pertinent tant sur le plan des apprentissages et suivi des élèves, que pour le bien-être des équipes.

Il convient cependant de penser certaines conditions.

 

Les revendications du Sgen-CFDT

  • Les temps de travail ainsi libérés doivent pouvoir être pensés avec souplesse, selon les réalités de terrain, des équipes, des périodes (systématiser pour tous la même réunion hebdomadaire n’est peut-être pas le plus pertinent). Il faut faire confiance aux personnes.
  • La co-construction des objets de concertation et de formation. Ces derniers doivent émaner des demandes d’équipe. Les axes de travail déjà amorcés spontanément par les collègues doivent intégrer ces temps. Il ne s’agit pas nécessairement de faire plus, mais mieux, et mieux accompagnés.
  • La mise en place, dans les écoles concernées d’une équipe de remplaçants pérennes et expérimentés.
  • Dans les collèges, les temps de pondération ne doivent pas être compensés par des heures supplémentaires. Cela est encore trop souvent le cas. Et l’imposition de 2 HSA dont ces établissement ne sont pas exempts nous semble contradictoire avec ce dispositif et le maintien d’un bien-être au travail.

Ces aménagements, pour l’instant envisagés en éducation prioritaire renforcée, apportent des pistes de réflexions pour penser l’évolution globale de nos métiers. Ils nous montrent qu’au delà des indemnités financières, nécessaires pour reconnaître notre travail, la dimension du temps est centrale pour réfléchir à la qualité de nos missions, et à leur pénibilité parfois, notamment dans certains contextes.