L’EPS et le confinement : entre rupture et continuité…

Alors que l’impératif de continuité pédagogique s’impose dans tous les établissements, le Sgen-CFDT rappelle que l’urgence est avant tout à la gestion de la crise sanitaire. Dans ce contexte, l'occasion aussi de reposer quelques enjeux de l'EPS à l'école.

Pour le Sgen-CFDT, l’enjeu majeur est de garder un contact avec les élèves et d’éviter une période longue sans apprentissage pour permettre un « raccrochage » rapide à l’issue de la période et une remise en route rapide. Il s’agit aussi de rassurer, d’éviter la culpabilisation des élèves et des familles et de proposer des pistes de travail personnel utiles et adéquates en faisant « pour le mieux ».

De la nécessité de la continuité éducative, à l’opportunité de l’évolution pédagogique ?

Donnons-nous peut-être le droit de passer de la continuité à la rupture…

Puisque tout est différent, puisque l’école n’est actuellement plus l’école, puisque les urgences sanitaires actuelles amènent à repositionner la notion de ce qui est « utile », « essentiel », pouvons-nous, un instant, accepter de revoir nos copies, et de faire peut-être juste différemment, et peut-être même, s’autoriser à moins s’accrocher à l’activisme du « faire »…

Puisque s’accrocher avec ardeur à la continuité pédagogique risque aussi de mettre en rupture les élèves les plus fragiles…, pouvons-nous imaginer « des formes de rupture » collectives (ce qui ne signifie pas tout couper, mais évoluer), qui laisseraient moins de monde à l’écart des apprentissages…

Dans ce contexte, l’EPS a une place à nouveau assez singulière…

L’EPS, qu’on le veuille ou non, est bel et bien liée à l’école

Cette crise nous le montre de façon évidente. Si pour de nombreuses autres matières, il est possible de tenter de continuer son programme à distance. L’EPS échappe à cette logique. S’il reste possible de proposer plusieurs axes de travail en lien avec nos objectifs, ces propositions, malgré tous nos efforts, ne pourront pas se substituer à l’EPS, et c’est peut-être une bonne chose… Notre continuité sera peut-être plutôt du côté éducatif. Il est donc nécessaire d’imaginer comment « faire autrement » sur une période donnée, quelque chose qui n’est pas vraiment notre discipline…

Paradoxe… l’EPS est bel et bien liée à l’école, et depuis qu’il n’y a plus d’école, il n’y a jamais eu autant d’émissions de radio, d’applications etc. liées à l’activité physique… Il n’y a jamais eu autant de réflexions sur l’importance du mouvement sur le développement de la personne… Et il n’y a jamais eu si peu d’informations sur le sport, arrêt des championnats, report des JO etc. obligent…

Cet épisode nous montre aussi combien la rencontre et le lien sont primordiaux. Les échanges entre élèves, entre profs et élèves. Voilà sans doute ce qui manquera aux enfants sur cette période… Voilà sûrement ce à quoi il faut porter le plus notre attention, même derrière nos écrans, et ce à quoi il faudra consacrer notre énergie lors de la reprise.

Garder un peu d’énergie…

En attendant, que les enseignants gardent justement un peu d’énergie, évitent le burn-out informatique, ou le claquage pour montées d’escaliers abusives…, afin de reprendre en pleine forme !
Le travail collectif, le partage, peuvent déjà être une première façon de repenser nos façons de travailler. Puisqu’il paraît qu’on a le temps…  Essayons de nous autoriser à lever le nez du guidon, à observer… et laissons nos créativités s’exprimer !
Accepter de ne pas être essentiels en cette période de confinement, nous permettra peut-être d’évoluer, et de reposer toute l’utilité et l’essentiel de ce que devrait être l’école.