Réunion de présentation d' »Agir pour l’école »

Ce jeudi 28 juin 2018, le Sgen-CFDT 59/62 participait à la réunion organisée par M. Bessol, Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale qui présentait la méthode de lecture préconisée par l’association « Agir pour l’école » et soutenue par le ministère.

Expansion du dispositif

Au départ, 15 classes étaient concernées mais le DASEN a émis le souhait de ne pas laisser tomber des territoires et d’étendre le dispositif au-delà de la MEL, notamment sur les secteurs de Denain pour « lutter contre l’extrémisme politique » ou de Maubeuge pour « lutter contre la radicalisation ».

Aujourd’hui, la liste définie contient 102 classes MAIS le DASEN insiste sur le fait qu’il s’agit d’une proposition et non d’une imposition. Cette nouvelle méthode de lecture serait donc expérimentée sur la base du volontariat. L’opération se fait en partenariat avec (mais n’est pas initialement pilotée par) la DGESCO. Plusieurs départements de France sont concernés.

 

Diagnostic

L’expérimentation se fonde sur un diagnostic national qui reprend des statistiques sur les corrélations entre les difficultés en lecture et niveau de diplôme et  taux de chômage.

 

Ajustement des programmes

Cette expérimentation s’appuie également sur les ajustements aux programmes qui viennent de paraître. Ils soulignent la préconisation de la systématisation des activités d’apprentissage en lecture et le travail sur la correspondance graphème/phonème.

Le DASEN adjoint, M. Graff, a ajouté que la fluidité et la rapidité de lecture généraientt la compréhension des textes lus. Selon M. Bessol, en deçà de 50 mots/minute, il ne sert à rien de travailler la compréhension d’où la nécessité de travailler en priorité la rapidité.

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais a réagi en s’opposant à cet argument.

On ne peut considérer que la fluence seule permette une meilleure compréhension des textes sans l’associer à d’autres activités accompagnées par l’enseignant : production d’écrits, enrichissement du vocabulaire, acculturation aux types de textes, réflexion sur la langue. Et c’est bien le sens des programmes encore en cours ainsi que des préconisations qui nous ont été faites ces six dernières années. De plus, cette affirmation est contestée par des chercheurs tels que les équipes de Cèbe et Goigoux.

M.Bessol a évoqué une expérimentation similaire sur un territoire où la langue maternelle des enfants n’était pas le français. Il en résulterait une diminution de 75% de l’échec en lecture.

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais a demandé à être destinataire des évaluations de cette expérimentation. Il a été répondu que nous pourrons disposer des évaluations mais aucune échéance n’a pu nous être précisée …

Le DASEN a dit être dans son rôle en rédigeant des propositions d’accompagnement des nouveaux programmes. Cette proposition est mise en place dans des territoires ayant des difficultés similaires.

Pour lui, cette méthode est simple avec des séances « clés en main » mais adaptables, construites, et respecte, même si elle est contraignante, la liberté pédagogique des enseignants, car il y a une individualisation des parcours et une autonomie des élèves.

Durant ce temps d’autonomie, les enseignants peuvent proposer un travail sur des domaines d’enseignement qu’ils choisiront. Le temps d’enseignement du français peut être transversal.

Cette méthode n’est pas présentée comme une méthode complémentaire mais substituable à la méthode actuelle.

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais a fait remarquer que des élèves de CP auront du mal à rester autonomes pendant toute la durée préconisée.

 

Avec qui ?

L’accompagnement sera fait entre autres par les membres de « Agir pour l’école » mais aussi par les équipes de circonscription. Ce sont au départ les IEN qui se sont portés volontaires pour l’expérimentation mais les enseignants auront le choix de suivre ou non le dispositif.

Le DASEN n’a pas répondu à la question portant sur la légitimité des intervenants de l’association « Agir pour l’école » qui viendraient dans les classes mais a précisé que les Conseillers Pédagogiques de Circonscription seraient associés.

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais dénonce le fait que cette association ne fait pas partie de la liste des associations reconnues comme étant proches de l’école. Elle a cependant le droit d’apposer le logo du Ministère de l’Éducation Nationale , ce qui n’est pas surprenant quand on sait qu’un ancien membre du Comité directeur de « Agir pour l’Ecole » n’est autre que Jean-Michel Blanquer.

 

Combien de temps ? Quand ?

L’expérimentation est prévue d’abord sur une année, mais les collègues n’ont pas l’obligation de s’engager sur 3 ans comme le protocole le préconise. Le dispositif et les outils devraient parvenir dans les écoles volontaires avant le départ en vacances ; il n’y aura pas d’utilisation de tablettes comme c’était le cas à Calais.

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais dénonce le fait que SEULS les enseignants qui se proposeront et qui s’engageront, pourront disposer de la méthode. Et ce juste avant les congés d’été.

Hypothèse de gestion du temps proposée par M.Graff : 2 répartitions des élèves possibles en CP à 12 (groupes de 4 ou 6 enfants)

Exemple portant sur le choix de 3 groupes de 4 élèves : 2 groupes en difficultés et 1 groupe d’enfants plutôt en réussite.

Il faudra alors permettre une exposition en atelier dirigé de 2 x 30’ (pour les groupes en difficultés) et 1 x 30’ (pour le groupe en réussite) par jour, ce qui nous fait un total de 2h30’ (ou 10h par semaine) consacrées à ce dispositif par le Professeur des écoles.

Les 2 autres groupes seront en autonomie (donc entre 1h30 et 2h pour les élèves), dans des domaines d’enseignement choisis par l’enseignant. C’est une méthode différente mais ce n’est qu’une proposition…

2h30′ par jour consacrées à ce dispositif par le professeur des écoles !

Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais s’interroge sur la pertinence de consacrer autant de temps au décodage.

 

Évaluation ?

Les enseignants volontaires qui appliqueront la méthode feront passer des évaluations à leurs élèves, mais il faudra aussi des classes « témoin » représentant environ 1/4 de l’effectif qui s’engageront à faire passer les trois évaluations annuelles sans appliquer le protocole.

Le sgen-CFDT a demandé si nous pouvions disposer des évaluations en MATHÉMATIQUES des élèves qui ont déjà participé à l’expérimentation de cette méthode de lecture car nous ne savons pas dans quelle mesure le dispositif mis en place se fait au détriment des autres domaines d’enseignements. Personne ne sait y répondre !!!

 

Inquiétudes

En conclusion, le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais déplore que les membres de « Agir pour l’école » n’aient pas été présents lors de cette réunion. Cela fera l’objet d’une autre rencontre, nous a promis le DASEN.

On ne sait pas réellement comment sera évalué ce dispositif mais le DASEN nous invite à « partir à l’aventure » avec lui !!!

Le Sgen-CFDT se pose des questions sur les retombées et la place des autres domaines d’apprentissage. Notre inquiétude reste intacte : à une semaine de la sortie, nous ne disposons d’aucun document écrit concernant cette méthode.

Quelle est la place réelle des professionnels que nous sommes et comment lever les doutes sur la pertinence du dispositif qui néglige d’autres fondamentaux au profit du seul décodage.

 

Pour aller plus loin

Intrusion dans les classes