Le savoir-nager : s’en donner les moyens ! Sécurité et conditions d’apprentissage : gros effectifs et groupe non-nageurs.

Le taux d'encadrement de la natation est précisé dans la circulaire du 22 aout 2017. Le Sgen-CFDT interroge certains points de tension non abordés : les gros effectifs, et les élèves non-nageurs dans le second degré. L'enjeu est bien le savoir-nager pour tous les élèves.

EPS natation savoir-nagerLencadrement de la natation, quelles adaptations aux publics spécifiques ?

Un taux « minimal » d’encadrement pour le savoir-nager

La circulaire du 22 aout 2017 pose le taux d’encadrement minimum à respecter du premier au second degré, et apporte une différentiation pour les maternelles :

Elèves

Maternelle

(ou maternelle + élémentaire)

Elémentaire

Collège

Lycée

Moins de 20

2 encadrants

2

Assuré par le prof d’EPS responsable de la classe ou du groupe classe

Avec au moins 5m2 par élève.

De 20 à 30

3

2

Plus de 30

4

3

Des « adaptations » recommandées… Pour répondre à tous les besoins des élèves en termes de savoir-nager

La circulaire précise que « La natation scolaire nécessite un encadrement des élèves renforcé. L’enseignant peut être aidé dans cette tâche par des intervenants agréés, professionnels ou bénévoles ; Une convention passée entre l’IA Dasen et la collectivité territoriale ou la structure responsables de l’établissement de bains précise les modalités du partenariat ».

Est ajouté : « Le taux d’encadrement doit être déterminé en fonction du niveau de scolarisation des élèves et de leurs besoins, mais aussi de la nature de l’activité. »

Le Sgen-CFDT s’interroge sur le cas des publics à fort pourcentage de non-nageurs et/ou à forts effectifs

Au regard de ces principes d’équité dans les apprentissages, quelles applications concrètes pour répondre à des besoins spécifiques comme :

  • Des écoles ou collèges accueillant des enfants en difficulté, éloignés des piscines, et regroupant un fort pourcentage de non-nageurs ?
  • Des collèges ou lycées ayant des effectifs de classes ou de groupe-classe supérieurs à 25 élèves ?

Les précisions apportées par la circulaire veulent-elles signifier :

1/ qu’un nombre plus important de Maîtres Nageurs Sauveteurs (MNS) puisse être mobilisé pour aider les écoles au public éloigné de la natation, avec un fort pourcentage de non-nageurs ?

2/ que des heures-poste puissent être prévues dans l’emploi du temps des enseignants d’EPS  (et qu’en conséquence, des postes soient créés pour absorber ces heures supplémentaires) pour encadrer les activités de natation, dans les cas où le public comprend un nombre important de non nageurs, ou est supérieur à 25 élèves (ce qui correspond globalement, à 5m2 par élèves, avec 2 lignes d’eau) ?

Les collègues « compensent », quand ils le peuvent, ces lacunes d’encadrement, pour permettre le savoir-nager pour tous.

Dans les écoles d’éducation prioritaire ou très rurales, le taux de non-nageurs peut être très élevé.

Dans l’état actuel, les classes du premier degré du CP au CM2 sont divisées en 2 groupes d’apprentissage. L’un pris en charge par le MNS, l’autre par le professeur des écoles. Il faut imaginer des groupes de 12 élèves au mieux (élèves souvent apeurés, ou téméraires, souvent agités, peu autonomes) pris en charge par un seul enseignant.

Des communes qui jusqu’alors pouvaient proposer un encadrement supplémentaire suppriment ce renfort pour cause budgétaire (voir l’article du Sgen-CFDT Pays de Loire.)

Dans le second degré, ce pourcentage de non-nageurs se répercute forcément en 6ème, avec des pourcentages allant jusqu’à près de 60 % de non nageurs dans certains Réseaux d’éducation prioritaire (REP+). Là encore, le taux d’encadrement n’est pas différentié. Certains collèges parviennent, encore à coup d’heures supplémentaires effectives (HSE), ou heures supplémentaires année (HSA) dans le meilleur des cas,  à mobiliser trois enseignants pour deux classes, ou organisent des stages massés.

Dans les classes à forts effectifs, la même règle s’impose. L’enseignant peut avoir à gérer plus de 30 élèves dans l’eau (cela peut arriver aussi lorsque un collègue prend 12 élèves non nageurs – ancienne préconisation), et que l’autre se retrouve avec le reste des deux classes. Dans bien des cas : la sécurité comme les apprentissages sont mis à mal, et en outre, le respect de 5m2 d’espace par élève n’est pas toujours respecté faute de place.

Les revendications du Sgen-CFDT

L’activité natation, comme les APPN, sont des activités :

– Où la sécurité est un enjeu central à court terme, et à long terme pour la vie de ces futurs adultes.

– Où les discriminations sociales se manifestent particulièrement (accès aux structures payantes, milieu non investi culturellement par certains, etc.)

– Où la gestion du groupe présente des contraintes spécifiques (parler à des élèves non autonomes, agités, ou apeurés, débutants, nombreux… dans un milieu aquatique, sonore, etc.)

Pour assurer aux élèves et aux enseignants sécurité et conditions favorables d’apprentissage, le Sgen-CFDT revendique :

– Une surveillance par des MNS dans toutes les structures, qu’elles soient intégrées aux établissements ou non,

– Une prévision en heures postes pour les profs d’EPS, qui permettent d’avoir un encadrement adapté au niveau et aux effectifs du public scolaire,

– Une formation réelle pour les professeurs des écoles,

– Une attention spécifique aux REP et REP+ (rural ou urbain) où le taux de non-nageurs est supérieur à la moyenne.