La définition statutaire actuelle du temps de travail des enseignant·es des 1er et 2d degrés ne leur garantit pas un temps de travail global compatible avec nos objectifs de qualité de vie et conditions de travail.
Une définition du temps de travail insatisfaisante
Aujourd’hui les missions des enseignantes et des enseignants sont divisées en trois blocs.
Deux d’entre eux sont obligatoires :
- un temps d’enseignement, défini le plus souvent en nombre d’heures par semaine
- un 2e bloc qui regroupe toutes les missions qui y sont liées et qui n’est pas quantifié. Correction des copies, préparation des cours, réunions, rencontre des parents, sorties scolaires etc. Ces missions hors temps de face-à-face pédagogique s’alourdissent au fil des ans et leur organisation dégrade les conditions de travail, notamment par des réunions de concertation sur la pause méridienne ou en fin d’après-midi et début de soirée après le service d’enseignement, la généralisation des temps de formation continue hors temps d’enseignement.
Ces 2 blocs constituent un temps plein et ainsi pour la CFDT ils ne devraient pas dépasser 1607h, formation continue incluse.
À ces deux blocs peuvent s’ajouter des missions particulières sur la base du volontariat (bloc 3). Les politiques éducatives récentes ont abouti à leur multiplication, au risque d’une intensification excessive de la charge des personnels et d’une baisse de la qualité du service rendu aux élèves et aux familles.
Les missions des blocs 2 et 3 ne sont pas organisées sur une base hebdomadaire. Le temps de travail des enseignants et des enseignantes est donc déjà partiellement annualisé… mais sans aucune régulation !
Et c’est ainsi que les missions s’alourdissent au fil des ans ce qui dégrade les conditions de travail des personnels.
De son côté, L’État employeur refuse de mesurer le temps réellement travaillé, et d’organiser un cadre collectif qui permette à chacun et chacune de vivre un temps de travail soutenable.
Quel est aujourd’hui le temps de travail réel des enseignant·es ?
Pour avoir une idée du temps de travail des enseignants et des enseignantes il faut donc s’en remettre aux études déclaratives réalisées régulièrement par la DEPP, le service d’évaluation et de prospective du ministère.
Selon la dernière étude parue en 2022, le temps de travail hebdomadaire médian pour les enseignant·es se situait à 43h dans le 1er degré et 42h dans le 2nd degré.
C’est davantage que la médiane des autres cadres A de la fonction publique qui est de 40h.
Selon la même étude, les enseignantes et enseignants déclarent travailler en moyenne 34 jours par an pendant les vacances, soit quasiment la moitié de leurs 80 jours de vacances.
Nos revendications pour un temps de travail plus protecteur de la qualité de vie et des conditions de travail des enseignant·es
Pour améliorer les conditions de travail des enseignantes et enseignants, nous revendiquons :
- la diminution du nombre d’heures d’enseignement. Des moyens doivent être mobilisés en ce sens. Dans le 1er degré, cela implique qu’il y ait dans les écoles plus d’enseignant·e·s que de classes et que le temps d’enseignement soit déconnecté de celui de la classe ;
- l’extension dans le 1er et le 2d degré du système de pondération en décharge du service d’enseignement afin de reconnaitre le temps consacré à l’accompagnement et au suivi des élèves (au titre du nombre total d’élèves suivi·e·s, au titre des groupes d’élèves que l’enseignant·e a en responsabilité, au titre de l’inclusion, en fonction de l’indice de position sociale de l’école ou établissement) ;
- la possibilité effective pour chacun et chacune d’effectuer les missions particulières sur la base du volontariat et en décharge de service d’enseignement ;
- la réduction drastique du recours aux heures supplémentaires pour faire fonctionner le système éducatif (fin des heures supplémentaires annualisées non refusables, plafonnement du nombre d’heures supplémentaires, augmentation très significative du cout des heures supplémentaires pour l’État employeur) ;
- le respect du droit à la déconnexion ;
- l’instauration d’un délai de prévenance pour les changements de planning de travail ;
- la limitation stricte du recours aux services partagés à un déficit effectif d’heures de cours dans la discipline concernée.
La satisfaction de ces revendications doit permettre de ramener le temps de travail global réel des enseignantes et enseignants dans le cadre des 1 607 heures alors qu’elles et ils n’ont pas bénéficié de la réduction du temps de travail et ont connu une augmentation et intensification du travail au cours des dernières décennies.